L'étude des modérés dans la vie politique française, et plus encore, celle du poids des chrétiens modérés, a longtemps constitué un point aveugle de l'historiographie française. Un important colloque tenu à Grenoble, il y a plus de quarante ans, et un récent colloque tenu à Nancy, il y cinq ans, constituent encore les ouvrages de référence. C'est à combler ce trou que voudrait travailler ce livre. L’effort des historiens qui ont contribué à cet ouvrage, fruit d’un colloque tenu à Lille en 2005 et 2006, se résume à trois apports essentiels.
Premier apport : la contribution d’éminents historiens, spécialistes des pays européens, dans lesquels les relations entre philosophie politique et théologie n’ont pas fait l’objet de la même réserve qu’en France, a permis de mieux cerner la singularité de l’historiographie française.
Deuxième apport : les historiens spécialistes des rapports mouvementés entre l’Église et la République ont confirmé le rôle souvent décisif de ces catholiques modérés dans la fondation et la stabilisation du régime républicain, confirmant le poids de ces « catholiques selon le suffrage universel » chers à Littré. Ils ont également souligné l’apport de ces derniers dans la refondation de la République aux lendemains de la Libération.
Troisième apport et non des moindres : essayer de faire comprendre comment s’articule dans la conscience de l’individu-acteur l’option d’ordre proprement religieuse, philosophique et théologique, et le choix dans l’ordre politique.
Introduction : ce que parler pour autrui veut dire – Samuel Hayat, Nicolas Kaciaf, Cédric Passard
Première partie. Généalogie du porte-parolat
Chapitre 1. Spectacle des puissants et parole du peuple : le messager de la tragédie grecque – Noémie Villacèque
Chapitre 2. Michel Foucault et l'avènement du porte-parolat – Jacques Guilhaumou
Chapitre 3. Porte-paroles autoproclamés de la paysannerie au XIXe siècle : radiographie d’un échec – Chloé Gaboriaux
Chapitre 4. Porte-paroles ouvriers et construction de la classe ouvrière autour de la révolution de 1848 – Samuel Hayat
Deuxième partie. Le porte-parole institutionnel
Chapitre 5. Porte-parolat(s) institutionnel(s) : locuteurs autorisés et compétence discursive – Claire Oger
Chapitre 6. Trois bureaucraties pour une politique. Porte-parolat et mise en représentation de « l’Europe » dans ses années de fondation (1952-1967) – Philippe Aldrin, Nicolas Hubé
Chapitre 7. Porte-parole du gouvernement : un rôle impossible ? – Christian Le Bart
Chapitre 8. Le porte-parolat à l’heure de Twitter : vers un contournement de la parole institutionnelle ? – Julien Boyadjian
Troisième partie. Le porte-parole dans les groupes d’intérêt et les mouvements sociaux
Chapitre 9. Les porte-paroles dans leur milieu naturel : le débat public – Philippe Juhem
Chapitre 10. Le porte-parolat des groupes d’intérêt : un duo et une interaction – Guillaume Courty
Chapitre 11. Porter la parole patronale au niveau mondial : la voix sourde de l’Organisation internationale des employeurs – Marieke Louis
Chapitre 12. Des « paroles précaires » ? Porter la parole dans les mouvements sociaux de jeunes précaires des années 2000 – Adrien Mazières-Vaysse
Chapitre 13. Emma Goldman : la parole pour elle-même ? – Alice Béja
Contrepoint. Défétichiser le politique – Jean-Philippe Heurtin
Conclusion. Comment parler du porte-parolat ? – Nicolas Bué
Postface. Les gilets jaunes et les « leçons de l’histoire » – Gérard Noiriel
Présentation des auteurs