Ce dossier porte un regard à la fois rétrospectif et introspectif sur les milieux alternatifs et les expérimentations artistiques qui ont émergé en RDA, particulièrement durant les années 1980. À travers des témoignages et des analyses d'œuvres ou de trajectoires d'artistes, sont envisagés la grande variété de formes produites mais aussi les modes de vie de cette « scène » et ses relations complexes avec le pouvoir en place. L'existence, dans de nombreuses villes de RDA, d'activités artistiques qui ne se résument pas à un art « est-allemand », ni à des postures d'opposition ou des actes de résistance est ici documentée. Les contributions mettent en lumière ces espaces de création spécifiques dans lesquels prime le collectif et où s'expriment pourtant des individualités originales.
ÉDITORIAL
J. VAILLANT – Un électorat allemand en mouvement
D. HERBET – « L'inquiétante étrangeté du populisme » : les cas allemand et autrichien vus de France
N. LAMMERT – Migration et intégration : L’Allemagne et la France face aux défis européens du 21e siècle
Documentation
T. BÖRTZ, C. DEUSSEN, M. MORZIÈRE, M. ZACHOW – Les bonnes pratiques du vivre ensemble. L’accueil des demandeurs d’asile en Suède, Allemagne et France
J.-P. CAHN – Il y a soixante ans… la Sarre (re)devenait allemande
W. RENZ – Fritz Bauer, de l’histoire à la fiction. Un entretien mené par Jean-Louis Georget et Bérénice Zunino
F. DANCKAERT – La longue histoire de La Grande Vadrouille en Allemagne (1967-2016)
L’actualité sociale par B. LESTRADE
Comptes rendus
Herfried et Marina Münkler, Die neuen Deutschen. Ein Land vor seiner Zukunft (J. VAILLANT) – Fondation Heinrich Böll et Institut allemand de politique étrangère (DGAP), Images et stéréotypes. Perceptions franco-allemandes en temps de crise (J. VAILLANT) – Jean-François Juneau, Egon Bahr, l’Ostpolitik de la République Fédérale d’Allemagne et la transformation de l’ordre européen, 1945-1975. (G. VALIN) – Dorothea Bohnekamp, Penser les identités juives dans l’espace germanique XIXe-XXe siècle (R. ELMALEH et T.-I. HABICHT) – Franz Fühmann, L’auto des juifs (J. MORTIER).
Notes de lecture de J.-C. FRANÇOIS
Werner Schmidt, Peter Weiss, Leben eines kritischen Intellektuellen – Marc Lacheny et al., Modernité du mythe et violence de l’altérité : « La Toison d’or » de Franz Grillparzer.
DOSSIER
Les artistes alternatifs dans la RDA des années 1980
Un dossier dirigé par Marianne Beauviche, Jean Mortier
M. BEAUVICHE – Introduction
J. MORTIER – La condition d’artiste plasticien en RDA durant l’ère Honecker
M. BEAUVICHE – L’évolution de la place des arts plastiques non conformes sur la scène artistique est-allemande
P. BÖTTCHER – À la marge de la « marge ». Carlfriedrich Claus, le collectif d’artistes Clara Mosch et la RDA
E. GILLEN – Embedded Underground. Klaus Hähner Springmühl, Richterstrasse n° 9 à Karl-Marx-Stadt
S. GOEPPER – Subversion féminine dans les années 1980 en RDA : Gabriele Stötzer et le collectif d’artistes Künstlerinnengruppe Erfurt / Exterra XX, entre création à l’ombre du Mur et impulsions féministes dans l’art international
P. KAISER – Îlots d’insoumission. Bohème et contre-culture en RDA en dehors de Berlin
C. TANNERT – Le vernis socialiste s’effritait. Les activités de la subculture à Berlin-Est et à Potsdam dans les années 1980
L. DAMMBECK – Le Premier Salon d’automne de Leipzig : ou comment, en RDA, l’art a investi des espaces publics
WEISSBACH – Bienvenue au « Salon des refusés ». L’exposition Frühstück im Freien (Le déjeuner sur l’herbe) au musée Leonhardi de Dresde
G. GIRARDET – Témoignage
J.-L. LEPRÊTRE – Témoignage
Comptes rendus de J. POUMET
Paul Kaiser, Bohème in der DDR. Kunst und Gegenkultur im Staatssozialismus – Jutta Voigt, Stierblutjahre. Die Boheme des Ostens – Lutz Seiler, KRUSO
Résumé
Klaus Hähner-Springmühl fut, au sein de la scène artistique alternative est-allemande, un personnage à part qui refusa longtemps les obligations liées à l'appartenance à l'Union des artistes. Il n'y eut chez lui aucun hiatus entre vie privée d’un côté, atelier et production artistique de l’autre. Il fut le seul artiste à avoir pratiqué, durant toute son existence, ce que les artistes du mouvement Fluxus avaient rêvé pour eux-mêmes, à savoir ériger la fluidité, la fugacité en principe artistique reliant la production à la vie. Son attitude et sa façon de vivre, toujours à l’écart du jeu social obligé et de ses règles, allèrent à l’encontre des valeurs-phares de la RDA. Il incarna de ce fait, mais à sa façon, ce qu’il est convenu d’appeler la « bohème artistique » de RDA qui sans entrer en dissidence à cherché à se libérer des structures oppressives de RDA et à vivre librement son altérité.
Zusammenfassung
In der alternativen Kunstszene der DDR war Klaus Hähner-Springmühl ein Außenseiter, der die Einschränkungen und Verpflichtungen, die die Verbandmitgliedschaft zur Folge hatte, ablehnte. Bei ihm gab es keine Trennung zwischen Privatleben auf der einen Seite, Werkstatt, Produktion auf der anderen. Er war der einzige Künstler, der über seine ganze Existenz so konsequent das praktiziert hat, was die Fluxus-Künstler in den 1960er Jahren für sich erträumt hatten: das Fließende und Vergängliche zum künstlerischen Prinzip zwischen Produktion und Leben zu erheben. Sein Verhalten und seine Lebensweise, stets von den gesellschaftlichen Spielregeln abweichend, verstießen gegen die wichtigsten Normen und Werte der DDR. Insofern verkörperte er, auf die ihm eigene Art, die sogenannte « DDR-Boheme », die andauernd bestrebt war, sich von den Zwängen der DDR-Strukturen zu befreien und ihr « anderssein » durchzuleben, ohne den Schritt in die Dissidenz zu vollziehen.
Summary
Klaus Hähner-Springmühl was, within the East German alternative artistic scene, a genuine character who long refused the obligations imposed by his membership in the Artist's Union. In him, there was no separation between private life and studio and artistic production. He was the only artist who spent his life putting into practice what the artists of the Fluxus movement had been dreaming of for themselves: making fluidity and transience an artistic principle connecting production to life. His attitude and way of life constantly deviated from the rules of the social game and conflicted with the key values of the GDR. As a result, he epitomised in his own way what is commonly referred to as the "artistic bohème" of the GDR which, without dissenting, tried to get free from the GDR oppressive structures and to live freely its otherness.
Résumé
En RDA, les artistes plasticiens sont affiliés à un organisme dont ils dépendent largement pour l'exercice de leur activité. Cette affiliation – nécessaire pour avoir le statut d'artiste professionnel - à cette corporation offre de multiples avantages matériels et une indéniable sécurité mais comporte également souvent beaucoup de contraintes au niveau formel et thématique et donc une forme de sujétion dont un nombre non négligeable d'artistes, notamment ceux de la marginalité chercheront à se libérer. Mais jusqu'à la fin de la RDA, tous resteront largement tributaires des commandes publiques pour vivre ; si beaucoup s’accommoderont sans doute de cette situation, les artistes « alternatifs », souffrant des pouvoirs passablement discrétionnaires de l’Union des artistes et des organismes de contrôle en matière d’exposition, de déplacement à l’étranger etc. aspireront à un marché libre de l’art.
Zusammenfassung
In der DDR sind die bildenden Künstler Mitglieder einer Institution, von der sie für ihre Tätigkeit weitgehend abhängig sind. Die Mitgliedschaft in diesem Verband – eine Voraussetzung, um als Berufskünstler anerkannt zu werden – bietet zahlreiche materielle Vorteile sowie eine unbestreitbare Sicherheit, beinhaltet oft aber auch zahlreiche Zwänge auf formaler und thematischer Ebene, also eine Form der Abhängigkeit. Eine nicht geringe Zahl von Künstlern, besonders die Außenseiter, versuchen also sich davon zu befreien. Aber bis zum Ende der DDR bleiben alle, um ihren Lebensunterhalt zu verdienen, weitgehend auf öffentliche Aufträge angewiesen. Obwohl sich viele mit dieser Lage abfinden, sehnen sich doch die „alternativen" Künstler nach einem freien Kunstmarkt: sie leiden nämlich unter der oft willkürlichen Macht des Künstlerverbands und der Institutionen, die Ausstellungen, Reisen ins Ausland usw. kontrollieren
In the GDR, the visual artists belong to a body on which they are largely dependent for their activities. Membership to this union, which is mandatory to obtain the status of professional artist, provides many material benefits as well as an undeniable safety but also often involves a lot of constraints at a formal and thematic level, i.e. a form of dependence. A significant number of artists, in particular those on the fringes of society, therefore try to break free from that control. But until the end of the GDR regime, all of them stay heavily dependent on public orders to make a living. Whereas a lot of them simply cope with the situation, the « alternative » artists long for a free art market because they suffer from the often arbitrary power of the Artist’s Union and of the bodies which control exhibitions, travelling abroad etc.
Résumé
En 1984, six artistes de Leipzig occupent un centre de congrès au cœur de la ville de Leipzig afin d'y réaliser, sans se soumettre aux procédures de contrôle et de surveillance des autorités, une exposition collective. L'article relate dans le détail comment s'est opérée cette réappropriation temporaire de l'espace public sur l’occupation duquel les autorités politiques et administratives détenaient jusqu’alors un monopole absolu. Les artistes en question entendaient montrer au grand public qu’à côté des grands maîtres du réalisme socialiste en peinture et de leurs émules, il existait un autre langage artistique, un art interdisciplinaire. L’exposition connaît un grand succès, au grand dam des autorités qui voient dans cette manifestation une entreprise contre-révolutionnaire. L’exemple du salon d’automne fait très vite tache d’huile, non seulement à Leipzig mais dans toute la scène artistique de RDA.
Zusammenfassung
1984 : sechs Leipziger Künstler besetzen ein Messehaus im Herzen der Leipziger Innenstadt, um dort eine unzensierte, staatlicher Kontrolle und Aufsicht entzogene Gruppenausstellung zu veranstalten. In diesem Artikel wird detalliert dargestellt, wie diese temporäre Rückeroberung öffentlichen Raums vor sich ging, über den die politischen und administrativen Behörden ein absolutes Machtmonopol bisher verfügten. Diese Künstler wollten einem breiten Publikum zeigen, dass neben den Großmeistern des sozialitischen Realismus und deren Schülern eine andere, interdisziplinäre Kunst herangewachsen war. Die Ausstellung war ein grosser Erfolg, zum grossen Missfallen der Behörden, die sie als konterrevolutionär einschätzten. Das Beispiel des Leipziger Herbstsalons inspirierte sehr schnell viele ähnliche Aktionen, nicht nur in Leipzig, sondern in der Kunstszene der ganzen DDR.
Summary
In 1984, six Leipzig artists occupy a congress centre in the heart of the city in order to organise a collective exhibition without having to submit to the control and surveillance procedures of the authorities. This paper details this temporary re-appropriation of public spaces, which the political and administrative authorities had been holding an absolute monopoly on up to that time. The artists in question wanted to show the general public that,besides the big painting masters of Socialist Realism and their imitators, there was another artistic language, an interdisciplinary art. The exhibition proved very successful, to the great displeasure of the authorities, which saw this event as counterrevolutionary. The example of the Autumn Salon quickly spread, not only to Leipzig but to the whole artistic scene of the GDR.
Résumé
L'exposition organisée en 1982 à Dresde par un collectif d'artistes faisait référence par son titre au « Déjeuner sur l'herbe » de Manet. Mais les œuvres exposées n’avaient souvent qu’un rapport lointain avec le tableau original : réalisées, pour une majorité d’entre elles, par des artistes « réfusés » dans les grandes expositions officielles, elles se lisaient la plupart du temps comme une critique sévère de la politique culturelle et des réalités est-allemandes. Les autorités ne s’y trompèrent pas qui firent en sorte, en fermant le lieu et en congédiant les organisateurs, qu’un tel événement ne se reproduise pas.
Zusammenfassung
Die 1982 in Dresden vom einem Künstlerkollektiv organisierte Gruppenausstellung bezog sich auf das gleichnamige Gemälde Edouard Manets. Dennoch standen meistens die ausgestellten Werke mit der Bildkomposition des Originals in einem sehr entfernten Verhätltnis. Die meisten waren von Künstlern produziert, die zu den großen offiziellen Großausstellungen nicht zugelassen wurden, und konnten als eine scharfe Kritik an der Kulturpolitik und den DDR-Realitäten interpretiert werden. Die DDR-Behörden ließen sich nicht irreführen und sorgten dafür, dass so etwas nicht mehr stattfand, indem der Raum umgehend geschlossen und das Organisationsteam entlassen wurde.
Summary
In 1982, an artist collective organized an exhibition in Dresden and the program’s title referenced Manet’s painting « Déjeuner sur l’herbe » (Luncheon on the Grass). However, the presented works often had little to do with the original painting: most of them were painted by artists who were « rejected » from the great official exhibitions, and they were mostly interpreted as a severe criticism of East German cultural policy and realities. The authorities were not fooled; they closed the exhibits and dismissed the leaders to make sure that such events would not happen again.
Résumé
Au cours des années 1970, les artistes de RDA cherchèrent toujours plus souvent à s'affranchir des injonctions de l’art officiel et se mirent à explorer collectivement de nouveaux modes d’expression et d’investissement de l’espace public. C’est de cette aspiration à une plus grande marge de manœuvre qu’est né, en 1977 à Karl-Marx-Stadt, le groupe d’artistes Clara Mosch fondé par quatre diplômés de l’École d’art de Leipzig et Carlfriedrich Claus, leur spiritus rector. Dans la mesure où elle permit à des artistes marginaux d’acquérir une certaine notoriété en étant souvent exposés pour la première fois, la galerie Clara Mosch devint rapidement un lieu incontournable à l’échelle de la RDA, voire de toute l’Allemagne. Jusqu’à sa fermeture en 1982, elle fut à l’initiative non seulement de nombreuses expositions et éditions d’ouvrages, mais aussi de happenings légendaires. La présente étude revient sur les intentions, les liens et les activités de ce groupe ambitieux, qui fut à l’origine d’impulsions décisives pour la scène artistique est-allemande de l’époque. Une attention particulière y est accordée à la production du natif d’Annaberg Carlfriedrich Claus, communiste utopiste et érudit universel, dont l’œuvre complexe, située à la croisée entre littérature picturale et acoustique, n’a, jusqu’à aujourd’hui, perdu ni son acuité ni sa pertinence.
Summary
In the 1970s the emancipatory attempts of the artists in the GDR increased to search collectively for new ways of expression and publicity beyond a dictated state art. This desire for more freedom led to the founding of the artist group Clara Mosch in 1977 in Karl-Marx-Stadt by four graduates of the Leipzig School of Arts and their spiritus rector Carlfriedrich Claus. The gallery Clara Mosch became a transregional, indeed an all-German attraction, since it paid attention especially to the outsiders and presented them in spectacular and often first-time exhibitions. Until her dissolution in 1982, Clara Mosch initiated not only numerous exhibitions and editions, but also legendary happenings. The article recalls the intentions, connections and activities of this ambitious group, which became an important stimulus for the art scene in the GDR. Special attention will be paid to the work of the Annaberg based universally scholar and confessing communist Claus, because his complex oeuvre between visual and acoustic literature has not lost its brisance to this day.
Zusammenfassung
In den 1970er-Jahren nahmen die emanzipatorischen Versuche der Künstler in der DDR zu, um im Kollektiv jenseits einer diktierten Staatskunst neue Wege des Ausdrucks und der Öffentlichkeit zu realisieren. Aus dieser Suche nach mehr Freiraum resultierte auch die Gründung der Künstlergruppe Clara Mosch 1977 in Karl-Marx-Stadt durch vier Absolventen der Leipziger Kunsthochschule und ihren Spiritus rector Carlfriedrich Claus. Die Galerie Clara Mosch wurde zum überregionalen, ja gesamtdeutschen Anziehungspunkt, gab sie doch gerade den Außenseitern Aufsehen erregende und oftmals erstmalige Ausstellungsmöglichkeiten. Bis zu ihrer Auflösung 1982 initiierte Clara Mosch nicht nur zahlreiche Ausstellungen und Editionen, sondern auch legendäre Happenings. Der Beitrag erinnert die Intentionen, Verbindungen, Aktivitäten dieser ambitionierten Gruppe, die zum wichtigen Impulsgeber für die damalige Kunstszene der DDR wurde. Dem Wirken des Annaberger Universalgelehrten und bekennenden Urkommunisten Claus gilt dabei besondere Aufmerksamkeit, denn sein komplexes, zwischen bildnerischer und akustischer Literatur angesiedeltes Werk hat bis heute nichts an seiner Brisanz eingebüßt.
Résumé
À partir des années 1970, la RDA voit apparaître une multitude de scènes artistiques alternatives qui coexistent souvent avec les milieux officiels. Dans les années 1980, l'underground gagne en ampleur et en visibilité. C'est dans ce contexte que se fait connaître, de 1984 à 1994, le groupe Künstlerinnengruppe Erfurt bien au-delà des frontières de la Thuringe. Sa spécificité est d’être le seul groupe d’artistes en RDA uniquement composé de femmes, même s’il convient d’utiliser les termes « féminin » et « féministe » avec prudence. Cette étude revient sur la trajectoire de Gabriele Stötzer, son initiatrice. Son incarcération pour « diffamation envers l’État » de 1977 à 1978, entre autres à la prison pour femmes de Hoheneck, tient lieu de déclencheur pour une œuvre consacrée en grande partie au corps des femmes. Celle-ci se distingue également par son caractère intermédial puisqu’elle fait appel à la peinture, la céramique, le tissage, la photo, le film et la performance. Le corps des femmes y est à la fois célébré et détourné afin de subvertir les canons traditionnels. Cette œuvre, qui trouve sans aucun doute sa source dans l’expérience spécifique du socialisme de RDA, frappe en outre par les liens qu’elle entretient ‒ souvent sans le savoir à l’époque du Mur – avec les impulsions féministes qui se font jour dans l’art international depuis quelques décennies.
Zusammenfassung
In den 1970er und 1980er Jahren werden die in der DDR neben der offiziellen Kunst aufgeblühten alternativen Kunstszenen immer zahlreicher und in der Öffentlichkeit ersichtlicher. In diesem Kontext gründet Gabriele Stötzer mit neun anderen Frauen die Künstlerinnengruppe Erfurt, die sich von 1984 bis 1994 mit Ausstellungen und Veranstaltungen bekannt macht. Sie ist die einzige Gruppe in der DDR-Kunstgeschichte, die ausschließlich aus Frauen besteht, wenn auch solche Begriffe wie „weiblich" oder „feministisch" mit Vorsicht benutzt werden sollten. Dieser Beitrag kommt auf den Werdegang der Initiatorin G. Stötzer zurück, deren Inhaftierung zwischen 1977 und 1978 u.a. im Frauengefängnis Hoheneck als Auslöser für das auf den weiblichen Körper zentrierte Werk fungiert. Letzteres besticht nicht zuletzt durch seine intermediale Vielfalt: Malerei, Weberei, Keramik, Photos, Filme, Aktionen sind die unterschiedlichen Medien, die gleichzeitig zur Würdigung des Weiblichen und zum subversiven Spiel mit dem traditionellen Normen des Frauenschönheitskanons dienen. Diese originelle Perspektive hat zweifellos mit der spezifischen Erfahrung im real existierenden Sozialismus zu tun, doch können die in der „geschlossenen Gesellschaft“ DDR entstandenen Werke auch im internationalen Kontext feministischer Kunstimpulse rezipiert werden.
Summary
In the 1970s and 1980s alternative art forms, which gradually emerged next to the official art scene in the GDR, became more and more numerous and visible. It was in this context that Gabriele Stötzer, with nine other women, founded the Künstlerinnengruppe Erfurt, which made itself famous thanks to exhibitions and events from 1984 to 1994. This group is the only one in the history of East Germany’s art which is only composed of women, although words like “feminine“ or “feminist“ should be used carefully here. This essay analyzes the career of G. Stötzer and her decisive experience of imprisonment in the women’s jail of Hoheneck between 1977 and 1978, which led her to focus on the female body in her works. The latter are also characterized by their intermedial diversity as Stötzer resorts to painting, weaving, ceramics, photography, video and performance. The female body is both celebrated and subverted in order to question the traditional canons of feminine beauty. This perspective definitely results from the artist’s specific experience of socialism in East Germany; nevertheless her works, which were created in the "closed world" of the GDR behind the wall, can also be analyzed in the international context of feminist impulses in contemporary art.
Résumé
Les artistes de la contre-culture est-allemande ne s'étaient nullement enfermés dans un ghetto artistique, ils se montraient extrêmement créatifs et innovants dans les domaines de la photographie, de l'art, de la mode etc. et ce de manière publique ou partiellement publique. Les ranger, selon des normes purement morales, dans la catégorie de « conformiste » ou de « non- conformiste » n'a pas de sens. Ce qui les animait, c’était un désir de liberté – liberté de parole, d'exposition, de programmation théâtrale. Par petits groupes informels et géographiquement dispersés ils cherchaient à s’arracher à l’étreinte paternaliste du pouvoir central. Cette prise de distance s’exerçait dans les champs artistiques les plus divers. Il s’agissait d’une opposition aux normes établies, d’une rébellion esthétique qui s’exerçait largement dans le cadre de l’ordre existant et n’avait par conséquent aucun caractère directement politique. Il est regrettable qu’en particulier les œuvres picturales de cette scène artistique ne jouissent pas aujourd’hui de la visibilité qu’elles méritent.
Zusammenfassung
Die DDR-Künstler der subkulturellen Szene hatten sich keineswegs auf ein Kunst-Ghetto zurückgezogen. Sie zeigten sich vielmehr äußerst Kreativ und innovativ auf dem Gebiet der Fotografie, der bildenden Kunst, der Mode usw. und zwar auf offizieller oder halb offizieller Ebene. Sie also kategorisch nach rein moralischen Kriterien zwischen angepasst oder unangepasst zu klassifizieren, hat überhaupt keinen Sinn. Es ging ihnen um Freiheit – des Wortes, der Ausstellungsmöglichkeiten, der Speilplangestaltung im Theater. In kleinen, räumlich verstreuten Gruppierungen widersetzten sie sich der fürsorglichen Umarmung der Zentralmacht. Dies Distanznahme machte sich in allen Kunstgattungen geltend. Sie opponierten gegen die eingefahrenen Normen, es war eine ästhetische Rebellion, die sich weitgehend im Rahmen der bestehenden Gesellschaftsordnung abspielte und folglich keineswegs auf politischem Terrain. Daß heute vor allem die bildnerische Produktion dieser Szene in der Öffentlichkeit kaum wahrgenommen wird, ist tief bedauerlich.
Summary
The artists of the East German counterculture had not locked themselves up in an artistic ghetto, they proved to be extremely creative and innovative in the fields of photography, art, fashion etc., be it publically or partially publically. By purely moral standards, putting them in the category of « conformist » or « non- conformist » does not make any sense. They were driven by a longing for freedom – freedom of speech, of exhibition, of theatrical programming. In little, informal and geographically scattered groups, they were attempting to wrest themselves from the paternalistic grip of the central power. This distancing took place in a wide variety of artistic fields. It was an opposition to the established norms, an aesthetic rebellion which largely happened within the framework of the existing order.
Résumé
Le film tourné par Gérard Oury en 1966 jouit aujourd'hui encore d'un statut exceptionnel en France. En RFA, il est passé relativement inaperçu lors d’une première sortie en 1967, mais a connu un très gros succès lors de sa reprise en 1974-1975, sous un nouveau titre, avec un nouveau doublage et cette fois presque dans sa longueur originale. C’est pourtant systématiquement la version de 1967 qui a été diffusée par la suite, ce qui, à l’instar des autres modalités de sa diffusion à travers le temps (à la télévision, mais aussi par exemple en VHS ou en DVD), explique en grande partie pourquoi la notoriété et la popularité de ce film sont limitées en Allemagne aujourd’hui. Une troisième version, réalisée en 2008, avec un Louis de Funès doublé par une voix allemande à laquelle les Allemands n’étaient pas habitués, n’avait que peu de chances de s’imposer et a très rapidement et à nouveau cédé la place à la version la plus ancienne et la moins fidèle à l’original.
Summary
Even today, Gérard Oury’s 1966 movie (English title: "Dont Look Now Were Being Shot At) still enjoys a very special status in France. In the Federal Republic of Germany, its first release in 1967 didn’t have much of an impact; but a reworking thereof in 1974-1975 with a new title, new dubbing and a run-time of almost its original length met with considerable success. However, the 1967 version was the one systematically circulated thereafter, which, among other aspects of its distribution (on television as well as for example on VHS-tapes or DVDs), explains to a significant degree why today the movie’s reputation and popularity are limited in Germany. A third version, produced in 2008, with an over-dubbing in German of Louis de Funès’ voice to which German viewers were not accustomed, had little chance of gaining recognition and very quickly had to give way again to the oldest and least faithful version of the original.
Zusammenfassung
Gérard Ourys Film von 1966 genießt auch heute noch einen außerordentlichen Stellenwert in Frankreich. In der Bundesrepublik blieb er bei seinem ersten Kinostart 1967 (unter dem Titel „Drei Bruchpiloten in Paris") relativ unbemerkt, aber seine Wiederaufführung 1974-1975 – mit neuem Titel („Die große Sause“), neuer Synchronisation und diesmal beinahe in Originallänge – war ein sehr großer Erfolg. In der Folge wurde jedoch systematisch auf die Fassung von 1967 zurückgegriffen, was neben anderen Aspekten seiner Verbreitung im Laufe der Zeit – im Fernsehen, aber auch etwa als VHS oder als DVD – zu einem Großteil erklärt, warum sein Bekanntheitsgrad und seine Popularität heute in Deutschland beschränkt sind. Eine dritte Synchronisation von 2008 mit einer neuen Louis de Funès-Stimme, die die Deutschen nicht gewohnt waren, hatte kaum Chancen, sich durchzusetzen, und musste sehr schnell wieder der ältesten und am wenigsten originalgetreuen Fassung weichen.
Résumé
La montée des populismes en Allemagne et en Autriche en 2016 a été scrutée par les medias français : pour les journalistes français, le déplacement des questionnements dans l'aire germanophone permet de créer la distance nécessaire par rapport à la montée de l’extrême droite en France. Comment s’articule le débat autour des notions de populisme et d’extrémisme ? Les médias dépeignent-ils une mise en danger de l’ordre européen, avec ses valeurs de paix et démocratie ? Et enfin, dans quelle mesure sont-ils aussi le reflet de l’opinion publique ? Le présent article vise à cerner la notion de populisme, son électorat, ses réseaux, car malgré une volonté de recentrage national, les médias mettent en évidence une internationale des populistes. Ils questionnent ainsi la place du mouvement migratoire dans les débats, qui ferait glisser les prises de position du populisme vers l’extrémisme, à l’exemple de l’élection présidentielle en Autriche et des élections régionales en Allemagne, marquant un recul des chrétiens-démocrates d’Angela Merkel. Toutefois s’intéresser à la montée de l’AfD en Allemagne implique de se confronter à la popularité encore très élevée de la chancelière, au paradoxe « Merkel », car l’AfD est loin des scores du FPÖ ou du FN. Dans le cas allemand, la mise en perspective de la montée du populisme de droite et d’un recul du populisme de gauche éclaire le nécessaire débat à mener pour une reconquête des électeurs par les partis traditionnels.
Summary
French media gave huge coverage to the rise of populism in Germany and Austria in 2016: according to French journalists, shifting the questioning to a German-speaking area makes it possible to create the required distance to broach the subject of France rising far-Right. How does the debate revolve around notions of populism and extremism? Does the media depict an imperilment of the European order and its values of peace and democracy? And finally, to what extent do they reflect public opinion? This article aims to pinpoint the notion of populism, its electorate and its networks. Indeed, despite a wish of national refocusing, the media highlight the idea of a populists’ Internationale. The place of the migratory movement in the debates will be questioned, since it is said to enforce the inclination from populism towards extremism, for instance during the presidential election in Austria and the regional elections in Germany, which showed a decline of Angela Merkel’s Christian democrats. However, in order to get going on the rise of the AfD in Germany, the Chancellor's still very high popularity - the "Merkel Paradox" - has to be considered because the AfD’s scores are far above the one from the FPÖ or the FN. In the German case, putting in perspective the rise of right-wing populism and the relative decline of left-wing populism sheds light on the necessity to institute debates so that traditional parties win over votes.
Zusammenfassung
Die französischen Medien nahmen den Aufstieg des Populismus von Rechts und Links in Deutschland und Österreich 2016 unter die Lupe, zumal sie dabei die notwendige Distanz zur Analyse der politischen Linie der Front National in Frankreich schaffen konnten. Relevant war die Frage des Radikalismus solcher Parteien im Zusammenhang mit dem Strom der Flüchtlinge nach Europa und der Politik der Regierung Merkel. Haben die Medien versucht die Werte der Demokratie und des Friedens in Europa, zumindest in der EU zu verteidigen? Inwiefern spiegelten sie die öffentliche Meinung wider? Dieser Aufsatz versucht den europäischen Populismus näher zu charakterisieren, dessen Wählerschaft und Netzwerke, zumal die Medien eine trotz befürworteter Abkapselung Internationale offenlegten. Am Beispiel der Präsidentenwahl in Österreich und der Landtagswahlen in der Bundesrepublik, bei denen sie eine Niederlage der CDU feststellten, wurde eine Debatte über „Populismus versus Rechtsradikalismus“ angeregt, da A. Merkel eine neue Willkommenskultur gegenüber Flüchtlingen eingeleitet hatte. Und darüber hinaus ist A. Merkel trotz Kritik noch sehr populär geblieben, was auf die Grenzen des Populismus hinweisen könnte. Übrigens zeigte die Entwicklung in Ostdeutschland, dass Linkspopulisten bei den Wahlen Verluste zugunsten der AfD verzeichnen mussten: daher müssten die etablierten Parteien versuchen, deren Argumente ernst zu nehmen.
Résumé
L'interview laisse la parole à Werner Renz, chercheur et ancien directeur des archives de l'Institut Fritz Bauer de Francfort, à propos de son rôle de conseiller scientifique du film Fritz Bauer, un héros allemand. Après avoir restitué le procureur dans sa dimension historique, notamment sa contribution active à la tenue des procès de Francfort, Werner Renz décrit son propre rôle dans la reconstitution du personnage de fiction qu'est devenue cette figure légendaire de la justice allemande de l'après-guerre. Il en décrit les traits saillants et compare le long-métrage auquel il a contribué au film Le labyrinthe du silence, dans lequel le travail de Fritz Bauer est également mis en scène. L'interview a été réalisée par Jean-Louis Georget et Bérénice Zunino.
Zusammenfassung
In diesem Interview geht Werner Renz, Wissenschaftler und ehemaliger Leiter des Archivs des Fritz Bauer Instituts in Frankfurt, auf seine Rolle als wissenschaftlicher Berater des Films Fritz Bauer: Ein deutscher Held ein. Renz ordnet zunächst das Leben und Wirken des Staatsanwalts in den damaligen historischen Kontext ein, wobei er insbesondere dessen aktive Rolle beim Zustandekommen der Frankfurter Ausschwitzprozesse erläutert. In einem zweiten Schritt reflektiert er seine eigene Rolle in der Rekonstruktion dieser legendären Persönlichkeit der deutschen Rechtsprechung der Nachkriegszeit, die inzwischen zu einer fiktiven Figur geworden ist. Dabei beschreibt er die wichtigsten Merkmale dieser Rekonstruktion und vergleicht den Film, zu dem er beigetragen hat, mit dem Film Das Labyrinth des Schweigens, der die Aktivitäten Fritz Bauers ebenfalls thematisiert. Das Interview führten Jean-Louis Georget und Bérénice Zunino.
Summary
In this interview, Werner Renz, a researcher and former director of the Archives of the Fritz Bauer Institute in Frankfurt, speaks about his role as a scientific counselor of the film: Fritz Bauer: A German Hero. He firstly places the life and work of the prosecutor in its historical context. In doing so, he particularly addresses Bauer's active contribution to the holding of the Frankfurt Ausschwitz trials. He then reflects on his own role in the reconstruction of this legendary figure of German post-war justice who has become a fictional character. He describes the salient features of this reconstruction and compares the film he has contributed to with the movie The Labyrinth of Silence, in which Fritz Bauer is also evoked. The interview was conducted by Jean-Louis Georget and Bérénice Zunino.