Produit d'un débat entre germanistes français, spécialistes de « civilisation allemande », et romanistes allemands, spécialistes de « Landeskunde » ou « Landeswissenschaft », cet ouvrage fait le point sur les évolutions de ces disciplines dans les mondes universitaires français et allemand. Une première rencontre en 1988 à Versailles a été suivie d'une autre à Berlin, en 2010. Riche d'une longue tradition dans l'enseignement et la recherche, la « civilisation allemande » est bien établie en France, ses thèmes de recherche sont en pleine évolution. La « Landeskunde » était plutôt perçue en Allemagne comme un domaine auxiliaire de la « Romanistik ». Le terme avec ceux de « Landeswissenschaft » et « Frankreichstudien » (études
françaises) ont aujourd’hui presque disparu du profil des postes à pourvoir, ils ont été remplacés par celui de « Kulturwissenschaft », « sciences culturelles », lié à celui de « science littéraire ».
Cette combinaison s’est révélée trompeuse : dans la pratique, la « civilisation française » se réfère à un modèle d’enseignement traditionnel de littérature française mâtiné de sciences culturelles là où il devrait s’agir, pour reprendre Helene Harth, d’instaurer « une coopération interdisciplinaire avec d’autres philologies et d’autres disciplines comme l’histoire, la sociologie, l’histoire de l’art et l’histoire médiatique (pour transmettre aux étudiants) un savoir sur les cultures des différents pays européens, qui leur permette de comprendre les différents processus historiques des échanges culturels actuels. » Ces enjeux sont au centre de ce livre sur fond de transformation des sociétés française et allemande.
Introduction
Chapitre 1.
Savoir « travailler ».
D'un intérêt pour ce qui est joué vers un intérêt pour le jeu
Des morceaux aux exercices
Jouer des morceaux pour « travailler » : la secondarisation de la reprise
Savoir « travailler » un morceau : découper et ralentir la musique
La dévalorisation du plaisir pour la production musicale immédiate
Chapitre 2.
La formalisation des lieux et des temps de jeu
Le développement de lieux et de temps propres de la pratique individuelle
La répétition : d'un moment de « vie » à un moment strictement musical
La redéfinition de la pratique en public
En guise de conclusion : l’impression de jouer « plus qu’avant » comme conséquence de la formalisation des lieux et moments de pratique
Chapitre 3.
Une pratique qui perd sa fonction de sociabilité
Une pratique plus solitaire
Une relation plus strictement musicale aux partenaires de jeu
Chapitre 4.
La rationalisation du corps guitariste
Lutter contre les « mauvaises habitudes »
Jouer « plus haut » : l’« efficacité » contre le « look »
Se mettre à s’échauffer
La « découverte » de « l’importance » de la main droite
Se « calculer » une attitude de scène
Chapitre 5.
« Comprendre » la musique.
Le basculement dans une approche théorique de la musique
La réappropriation théorique des compétences pratiques
L’improvisation et la poly-instrumentalité comme révélatrices d’une approche théorique de la musique
Le développement d’un registre théorique d’appréciation de la musique
Vocabulaire musical et rapport au savoir
Conclusion
Bibliographie