Voici la première tentative de rapprocher l'invention du cinéma de la naissance de la psychologie des foules.
Une hypothèse novatrice pour expliquer la transformation du spectacle cinématographique des origines en art.
Exploration inédite et de manière conséquente de l'influence sous-jacente des sciences psychiques sur la théorisation du cinéma lors des années 1920 en France.
Chacun va au cinéma, aujourd'hui, avec le sentiment de vivre une expérience partagée, mais en même temps intime et singulière. La réception filmique ne fut pourtant pas toujours envisagée ainsi. Durant la période « muette », en France, elle était considérée comme un phénomène ressortissant aux lois de la psychologie collective. Les films ne s'adressaient pas à des individus mais à la foule.
La foule était au centre des préoccupations d'une époque que Gustave Le Bon a baptisé d'« ère des foules ». Sa Psychologie des foules est demeurée l'emblème de la psychologie sociale naissante. Pourtant, la vision négative des foules qui s'y dessine ne fut pas la seule manière de concevoir ce phénomène. La foule est aussi apparue comme l'expression d'une volonté de renouveau du communautarisme et du spiritualisme, au sein d'un monde moderne qui s'orientait vers l'individualisme et le matérialisme.
C'est par rapport à ces débats que des critiques, cinéastes et théoriciens (Canudo, Gance, Delluc, Epstein, L'Herbier, Moussinac, Faure) envisagèrent d'octroyer au cinéma un rôle capital. Ils voulurent que ce spectacle populaire devienne l'art des foules. Ce n'était qu'ainsi qu'il pouvait offrir aux foules des moments de communion et d'élévation spirituelle, et qu'en même temps, cette mission « religieuse » conférée à l'art par le romantisme serait sauvée. Il était donc destiné à prolonger les idéaux romantiques dans le monde moderne, tout en préparant la venue d'un homme nouveau capable de fusion psychique, voire de télépathie.
Psychologies des foules, histoire de l'art, pacifisme, universalisme, socialisme, occultisme et sciences psychiques sont ici convoqués pour exhumer les enjeux idéologiques de cette grandiose et utopique théorisation du cinéma comme Septième Art et de la réception filmique comme phénomène collectif.
Introduction
L'équation tragique du savoir et du danger
Hélène Vial
Première Partie
Le savoir tragique et ses périls hors de la tragédie
Aspetti « tragici » della conoscenza umana nelle Storie di Erodoto
Luca Ruaro
Palamède martyr de la sophia ?Ambiguïté et faillite du savoir
Anne-Marie Favreau-Linder
Connaissance, action et tragique chez Aristote : lecture du chapitre 14 de la Poétique, 1453 b 27-54 a 9
Anne de Cremoux
Savoir métamorphosé, savoir métamorphosant : le devenir des personnages tragiques dans les Métamorphoses d'Ovide
Hélène Vial
Deuxième Partie
« Puisses-tu ne jamais apprendre qui tu es ! » : autour d'Œdipe
Le parricide dans le mythe d'Œdipe : enjeux de la connaissance dans la représentation des faits
Sarah Lagrou
De Thèbes à Colone : l’identité d’Œdipe comme savoir dangereux
Lucie Thévenet
Histoires de famille et périls du savoir : stylistique du brouillage dans l’Œdipe de Sénèque
Eleonora Tola
Œdipe et Penthée, entre écoute et vision
Rocco Marseglia
Héros mutilé, héros savant
Guillaume Issartel
Troisième Partie
Personnages tragiques en proie aux dangers du savoir, d’écritures antiques en variations modernes et contemporaines
Ajax ou l’image brisée du héros archaïque
Philippe Arnaud
Quand le savoir fait basculer la psyché. À propos de l’Hécube d’Euripide
Christine Kossaifi
Portrait de Cassandre en fileuse : la fonction oraculaire dans Un prêtre marié de Jules Barbey d’Aurevilly
Sandy Chotin
Cassandra, between knowledge and suffering
Sandra Pereira Vinagre
Prométhée biologiste au tournant du xxie siècle : le cas du clonage humain dans la fiction
Karine Roy
Bibliographie critique
Les auteurs
Résumés et mots-clés