Actualité sociale avril 2009
L'actualité du printemps 2009 a été marquée, comme celle des mois précédents, par la crise économique et financière qui continue de faire la une des médias. La situation en Allemagne a ceci de paradoxal que les prévisions sont plus sombres que pour la France, alors que la population se dit globalement encore peu concernée sur le plan individuel. Les derniers pronostics du mois d’avril font état d’un recul de 6% du PIB pour 2009 et d’un accroissement du chômage pouvant le porter à presque 5 millions fin 2010 – un record de triste mémoire – mais les Allemands, jusqu’à présent du moins, n’ont pas recours aux actes de protestation massive qui caractérisent la situation en France. Dans le domaine social, l’intérêt se partage entre l’enthousiasme continu pour la prime à la casse et les préoccupations concernant l’environnement, en l’occurrence l’interdiction du maïs génétiquement modifié. Les scandales d’espionnage continuent à être à l’ordre du jour avec le départ du président Mehdorn de la direction de la Deutsche Bahn ainsi que les questions religieuses, que ce soit le référendum sur l’enseignement religieux à Berlin ou l’ouverture du procès des terroristes islamistes à Düsseldorf. La pénurie d’enseignants, traitée de manière humoristique dans les médias, ouvre ce panorama de l’actualité sociale.
Pénurie d’enseignants
C’est le Land de Bade-Wurtemberg qui a été parmi les premiers à attirer l’attention sur la pénurie d’enseignants qui se profile à l’horizon. Le nombre de professeurs qui manquent à l’appel est actuellement estimé à environ 20 000, mais la situation risque de s’aggraver considérablement à l’avenir car, sur les 800 000 enseignants que compte l’Allemagne, 300 000 partiront à la retraite dans les dix ans à venir. La pénurie n’est pas la même partout. Elle touche notamment les collèges (Realschule) et les lycées (Gymnasium) et ce dans des matières telles que les mathématiques, la physique et le latin, ainsi que les matières enseignées dans les lycées professionnels. Actuellement, de nombreuses écoles couvrent leurs besoins en confiant quelques heures de cours à des vacataires ou des retraités, mais il ne s’agit là que d’expédients. C’est pourquoi le Land de Bade-Wurtemberg a lancé une campagne de recrutement, non pas tellement pour inciter des étudiants à s’intéresser au métier de professeur, mais pour attirer des enseignants en poste dans d’autres Länder, notamment en Bavière, en leur promettant des rémunérations plus élevées.
Cette méthode, que le Bade-Wurtemberg n’est pas le seul Land à pratiquer, a soulevé une vague de protestation, car certains Länder, surtout ceux qui offrent de faibles rémunérations à leur personnel enseignant, voient la pénurie s’aggraver chez eux, sans qu’ils puissent s’opposer au départ de leurs professeurs. Depuis la réforme du fédéralisme de 2006, les Länder qui ont de toute manière la main haute sur le secteur de l’éducation, ont en outre le droit d’introduire des règlements de rémunération, chacun de son côté. Les professeurs bénéficient eux aussi de la liberté d’installation. Si un Land donné accepte de recruter un enseignant formé ailleurs – ce qui suppose qu’il reconnaît la formation dispensée par un autre Land – l’enseignant a parfaitement le droit de quitter son lycée ou son collège pour aller enseigner dans un autre Land, plus attractif à ses yeux. La Bavière, qui reconnaît plus difficilement la formation dispensée dans un autre Land, n’a pas cette facilité, d’où la colère des Bavarois. Ces mouvements entre Länder concerne tout particulièrement les jeunes professeurs, très au fait des nouvelles méthodes pédagogiques, ce qui est d’autant plus durement ressenti par les établissements qui les perdent.
Ces pratiques ont suscité un tel tollé en Allemagne que la conférence des ministres de l’éducation des Länder qui s’est tenue début mars à Stralsund fut obligée de se saisir de l’affaire. Les Länder, qui ont finalement promis de ne pas dépasser entre eux les bornes de ce qu’ils ont appelé une compétition loyale, ont surtout décidé de s’attaquer enfin au problème qui est à la racine de cette crise, à savoir la pénurie d’enseignants. Il est vrai que le métier suscite de moins en moins de vocations parmi les étudiants. Il est mal payé, surtout au début : les jeunes enseignants, les Referendare, ne perçoivent guère plus que 900 à 1000 € pendant les deux premières années d’exercice. De plus, le métier est devenu difficile. Les professeurs doivent faire face à des classes de plus en plus hétérogènes, souvent peuplés d’élèves en difficulté linguistique ou culturelle, dont certains peuvent exprimer leur mal-être par la violence. A cette détérioration du climat dans les classes s’ajoute la dégradation de la réputation des enseignants dans le public. Une récente étude réalisée par l’institut d’économie IFO enfonce le clou en affirmant que la plupart des instituteurs et des professeurs de collège auraient décroché leur baccalauréat avec une moyenne médiocre, soulignant par là que seuls les mauvaises élèves choisissent de devenir professeur…
Dans ces conditions, Josef Kraus, le président de la Fédération des enseignants, n’est pas mécontent de voir que les établissements scolaires créent un peu de concurrence autour des professeurs. S’il estime que, dans le court terme, il faut bien avoir recours aux vacataires et aux retraités pour combler les vacances, il souligne la nécessité, à long terme, de mener une stratégie beaucoup plus active pour attirer de futurs enseignants. Ce n’est que si les Länder parviennent à passionner davantage de jeunes pour le métier de professeurs, en améliorant leur statut au passage, qu’on parviendra à consolider la situation sur le front de l’enseignement, une situation peu brillante actuellement, à en juger des résultats des enquêtes PISA.
Pro Reli : référendum sur l’enseignement religieux à Berlin
Contrairement à la laïcité qui prévaut dans les écoles françaises, l’enseignement religieux est partie intégrante de la scolarité dans la presque totalité des Länder allemands. Matière obligatoire, il y est intégré dans le système de notation officiel au même titre que les mathématiques, l’allemand ou l’histoire. Berlin fait toutefois exception. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les cours de religion y sont facultatifs. A la place du cours obligatoire de religion, la coalition gauche-gauche (SPD – die Linke) au pouvoir dans la ville-Etat de Berlin a instauré dans les collèges un cours d’éthique, assez voisin dans son approche d’un cours d’instruction civique français. En 2006, après la découverte du meurtre « d’honneur » d’une jeune fille turque par son frère, le Sénat de Berlin a rendu les cours d’éthique obligatoires. En instaurant une réflexion sur l’identité, l’amitié et la tolérance, la municipalité voulait promouvoir la compréhension entre jeunes issus de différentes cultures. Elle avait en effet estimé que des cours d’éthique était adaptés à une métropole multiculturelle telle que Berlin où plus de la moitié de ses 3,4 millions d’habitants se déclarent sans confession, ce qui n’est guère surprenant vu le passé areligieux de Berlin-Est du temps de la défunte RDA. Par ailleurs, Berlin compte plus de 20% de protestants, environ 10% de catholiques, à peu près autant de musulmans et une petite minorité juive, essentiellement d’origine russe.
Bien que minoritaires dans la population de Berlin, les tenants de l’instruction religieuse obligatoire à l’école publique n’entendent pas se satisfaire de cette situation. L’association Pro Reli, soutenu par les Eglises protestante et catholique, s’est emparée du sujet. Elle réclame que les collégiens puissent avoir le choix entre des cours d’éthique ou des cours de religion, organisés séparément pour chaque confession. Actuellement, seuls les cours d’éthique sont obligatoires, l’instruction religieuse étant facultative et souvent reléguée en fin de journée scolaire. Les membres de l’association revendiquent une égalité de traitement pour l’éthique et la religion. Le débat a largement dépassé la ville de Berlin et gagné l’opinion publique en Allemagne, où les églises chrétiennes jouent un rôle important dans la vie sociale et politique ; le parti de Mme Merkel, la CDU, ne se réclame-t-il pas du christianisme ?
Toujours est-il que les Berlinois seront appelés aux urnes pour trancher cette question. L’association Pro Reli est parvenue, au terme d’une campagne de publicité de quatre mois où elle n’a pas ménagé sa peine, à recueillir plus de 180 000 voix en faveur de sa pétition. Ce nombre est suffisant pour contraindre Berlin à organiser un référendum local. L’association, soutenue par les églises, la CDU, le FDP et les Verts, avaient souhaité que le vote sur sa pétition ait lieu le 7 juin, le même jour que les élections au Parlement européen. Réunir les deux votes pour les Berlinois aurait eu à leurs yeux non seulement l’avantage de réduire les coûts – une date séparée pour le référendum aurait occasionné un surplus de coût de 1,4 millions d’euros – mais le nombre de votants aurait probablement été bien plus important. C’est peut-être pour cette raison que le Sénat de Berlin a décidé qu’il serait avancé au 26 avril. Cette décision complique d’autant la tâche de l’association Pro Reli, car pour voir aboutir leur objectif d’établir les cours de religion en tant que matière obligatoire au même titre que les cours d’éthique, il faudrait que 610 000 Berlinois environ votent en faveur de sa pétition.
Pour le Sénat de Berlin, le calcul a été payant. Car en dépit d’une intense publicité menée ces dernières semaines par les défenseurs de la réforme, une petite majorité, 51,3% des votants, l’ont rejetée. Les cours de religions resteront donc une matière optionnelle à Berlin.
La prime à la casse fait des vagues
La prime à la casse automobile, créée par le gouvernement fin janvier 2009 dans le cadre du plan de relance économique pour soutenir le secteur, a connu un tel succès, que l’enveloppe budgétaire prévue est passée de 1,5 à 5 milliards d’euros trois mois plus tard. La prime de 2500 € (1000 € en France) offerte à tout propriétaire qui accepte d’envoyer à la casse son véhicule âgé d’au moins neuf ans pour l’achat d’une voiture neuve, initialement limitée à un total de 600 000 véhicules, est victime de son succès. Au 1er avril, le Bafa, l’organisme chargé du recensement des demandes, en a enregistré 780 410, et l’engouement ne semble pas prêt à faiblir. C’est ainsi que les immatriculations ont augmenté de 18% au premier trimestre 2009 comparé à la même période de l’année précédente, 40% pour le seul mois de mars, et ce en dépit de la crise. Le gouvernement allemand souhaite maintenir cette offre alléchante –assortie d’aucune contrainte écologique en dépit de son nom (Umweltprämie) – jusqu’à la fin de l’année 2009 ou, éventuellement avant, jusqu’à épuisement des fonds prévus. Il est vrai que le secteur automobile, qui représente 1,1 millions d’emplois directs et indirects en Allemagne, est un des piliers de l’économie et bénéficie, à ce titre, d’un traitement de faveur.
Si les deux tiers des Allemands se disent favorables au dispositif de la prime à la casse, les voix sceptiques, voire hostiles, ne manquent pas. Il est vrai que la mesure – qui vise l’achat de véhicules neufs sans considération de leur provenance – profite essentiellement aux véhicules bas de gamme. Les producteurs de voitures de luxe tels que BMW et Mercedes, par contre, ont vu leurs ventes reculer de 26% sur la même période. Les ventes de véhicules d’occasion se sont également effondrées. Les achats se portent sur de petits véhicules d’entrée de gamme, souvent assemblés en Europe de l’Est, par des entreprises en provenance d’Allemagne, de France et d’Italie, mais aussi de Corée du Sud. Ainsi, il semblerait qu’un dixième des commandes de véhicules neufs en Pologne proviendrait d’Allemands qui bénéficient à la fois de la prime à la casse et de la faiblesse du zloty. L’engouement pour la prime produit aussi des comportement bizarres : certains acheteurs mettent à la casse des véhicules qui valent bien plus que la prime offerte par le gouvernement.
Les adversaires de cette mesure ne se contentent pas de souligner le caractère illogique du comportement de certains acquéreurs ; ils qualifient le triplement de l’enveloppe budgétaire de la prime de pur cadeau électoral à cinq mois du scrutin fédéral du 27 septembre. Le directeur de l’Institut économique de réputation mondiale ZEW n’hésite pas à la considérer comme un non-sens économique. Si les représentants des branches industrielles non concernées par la prime critiquent la mesure dans l’esprit « pourquoi pas nous ? », les représentants de l’opposition, de la gauche Die Linke jusqu’au libéraux du FDP, ainsi que bon nombre d’économistes s’interrogent sur son efficacité. Ils craignent que ce boom artificiel ne soit suivi d’un effondrement complet des ventes l’année prochaine, après l’arrêt du versement de la prime. Une forte part des voitures achetées cette année manqueront dans les ventes de 2010. En attendant, la prime à la casse s’apparente à un cadeau électoral au bénéfice de la coalition au pouvoir. Saura-t-elle infléchir le comportement des électeurs ? Réponse le 27 septembre 2009.
L’Allemagne se rallie aux anti-OGM
Par la voix de sa nouvelle ministre de l’environnement, Ilse Aigner, de la CSU, parti conservateur bavarois, le gouvernement a fait savoir le 14 avril que l’Allemagne se joignait au groupe de pays européens qui refusent la culture et la vente du maïs Mon810 produit par la firme américaine Monsanto. S’appuyant, à l’instar du Luxembourg, sur deux rapports scientifiques qui démontrent que la culture du maïs transgénique n’est pas sans danger pour l’environnement, notamment pour la survie de certains insectes tels que les coccinelles et les papillons, le gouvernement a fait jouer la clause de sauvegarde. Au ministère de l’Agriculture, on souligne que les six pays qui refusent la semence de Monsanto sont des producteurs de maïs, contrairement au pays nordiques ou à la Grande-Bretagne qui se sont prononcés en sa faveur. Si la prise de position allemande est d’importance sur le plan politique, l’incidence économique du maïs transgénique est faible. La culture du Mon810 ne devait concerner cette année que 3700 hectares de terrain, soit moins de 0,2% de la surface totale de maïs cultivé dans le pays.
L’Allemagne est ainsi le sixième Etat membre à s’opposer à la culture de cette semence transgénique, rejoignant l’Autriche, la France, la Grèce, la Hongrie et le Luxembourg. Le ralliement de l’Allemagne, poids lourd de l’UE, renforce considérablement la position des récalcitrants, notamment de la France, vis-à-vis de la Commission de Bruxelles. A deux mois des élections européennes, cette décision est embarrassante, ne venant que peu de semaines après le désaveu de la commission, lorsqu’une majorité d’Etats membres avait rejeté la levée des moratoires que les Hongrois et les Autrichiens avaient imposés à la culture du maïs transgénique. Le président de la Commission, José Manuel Barroso soutenait pour sa part la culture du Mon810, seul maïs OGM (organisme génétiquement modifié) homologué en Europe. L’autorisation de culture du maïs Mon810 remonte à 1998 au niveau européen ; elle arrive à échéance fin 2009. Une procédure de renouvellement pour dix ans est actuellement en cours. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) doit remettre un rapport à la fin de l’année pour étayer la prise de position de la Commission. En attendant les élections européennes, il est peu probable que les hostilités entre la Commission et les anti-OGM rebondissent.
Il est étonnant que l’Allemagne n’ait pas été en pointe dans le combat contre les OGM, car en dépit de sa présence très réduite sur le terrain, la culture du Mon810 a toujours été très contestée – même provisoirement interdite –, outre-Rhin depuis son autorisation officielle en 2005. Les agriculteurs craignent l’effet de contagion du maïs transgénique sur leurs cultures traditionnelles. Ils se montrent satisfaits de cette prise de position de l’Allemagne, en attendant que l’Europe entière adopte une attitude commune sur ce point. La position des anti-OGM sort renforcée du ralliement allemand.
Ouverture du procès contre les terroristes de la cellule du Sauerland
Mercredi 22 avril s’est ouvert au tribunal de haute sécurité à Düsseldorf un procès antiterroriste considéré comme le plus important depuis ceux intentés contre les membres de la Fraction Armée Rouge des années soixante-dix et quatre-vingt. Les quatre islamistes, trois Allemands dont un d’origine turque, et un ressortissant turc, projetaient de perpétrer des attentats encore plus violents que ceux qui ont eu lieu à Madrid en 2004 (191 morts) et à Londres en 2005 (56 morts). Après une enquête internationale de plus d’un an mobilisant plus de 600 personnes, la police avait arrêté, en septembre 2007, les membres de la cellule du Sauerland, du nom de cette région du sud où ils avaient élu domicile. Lors de l’interpellation des accusés, des composants permettant la fabrication de l’équivalent de 410 tonnes de TNT avaient été saisis, 100 fois plus que la quantité utilisée dans l’attentat de Londres. D’après l’accusation, ils projetaient des attentats à la voiture piégée contre des cibles américaines et allemandes, telles que des bases militaires ou des aéroports pour punir les deux pays pour leur engagement en Afghanistan. Lors de ce procès qui pourrait durer deux ans, les accusés devront répondre d’appartenance à une organisation terroriste étrangère et de préparation d’attentats à l’explosif.
L’opinion publique a réagi avec stupeur en découvrant l’existence d’un terrorisme islamiste qui s’est développé sur son propre sol, et ce d’autant plus que les deux membres allemands de la cellule proviennent d’un milieu social favorisé. Très tôt convertis, ils se sont radicalisés au contact de la communauté islamiste de leurs villes respectives, Ulm en Bavière et Neunkirchen dans la Sarre. Le parcours de ces deux Allemands qui sont passés par les camps d’entraînements au Pakistan a soulevé des interrogations sur le phénomène des convertis. D’après des informations parcellaires recueillies auprès des associations musulmanes, l’Allemagne en compterait plus de 21 000, un nombre en augmentation rapide ces dernières années. Bien que la plupart d’entre eux pratiquent un islam modéré et restent bien intégrés dans la société, ils constituent un vivier intéressant pour les recruteurs d’organisations extrémistes, car les convertis passent souvent inaperçus. Ils seraient environ 150 venus d’Allemagne à être passés dans des camps d’entraînement, dont une douzaine de convertis. La présence accrue de ressortissants allemands est également perceptible dans le fait que le pays est plus souvent que par le passé menacé par des vidéos diffusées en langue allemande.
Changement de tête à la direction de la Deutsche Bahn
Le président du directoire de la Deutsche Bahn, Hartmut Mehdorn, a présenté sa démission fin mars, cédant à des pressions de plus en plus vives depuis la révélation de pratiques d’espionnage interne au sein du groupe ferroviaire allemand. La Deutsche Bahn a reconnu avoir espionné 173 000 salariés sur les 200 000 qu’elle employait pendant les années 2002 et 2003, apparemment aussi en 2005, dans le cadre d’une enquête anti-corruption. Mehdorn, qui s’est toujours défendu d’avoir commis les faits qu’on lui reproche, a finalement accepté de démissionner pour mettre fin à la campagne virulente menée contre lui, et qui risquait de rejaillir sur la Deutsche Bahn.
Tom Enders, directeur exécutif d’Airbus, a un temps été cité comme possible remplaçant de Mehdorn, mais finalement c’est sur le nom de Rüdiger Grube que les responsables de la CDU et du SPD au sein de la grande coalition se sont accordés pour reprendre les rênes des chemins de fer allemands ainsi que du secteur logistique de la Deutsche Bahn. Grube apparaît comme une personnalité politiquement assez neutre et consensuelle, ce qui lui a valu d’être soutenu à la fois par la chancelière Angela Merkel et par son vice-chancelier et opposant aux prochaines élections législatives Frank-Walter Steinmeier. S’il connaît le domaine des transports pour être membre du directoire du constructeur allemand Daimler et président du conseil d’administration du géant européen de l’aéronautique EADS, il n’est pas du sérail, et il lui faudra gagner la confiance des cheminots et aussi celle des syndicats. Dans ce domaine, il a au moins un souci en moins, le gouvernement ayant décidé que la privatisation de la Deutsche Bahn n’était plus à l’ordre du jour, un projet auquel les syndicats sont fermement opposés. Ces derniers, notamment les deux principaux, Transnet et GDBA, ont d’ailleurs approuvé la nomination de Grube. Celui-ci a annoncé qu’il démissionnerait de la présidence du CA d’EADS dont la filiale Airbus, ironie du sort, vient de reconnaître qu’elle a également espionné ses salariés, ce qui semble indiquer que cette pratique, qui a valu à Mehdorn de perdre son poste, est assez répandue.
Brigitte.Lestrade@u-cergy.fr