Mémoire collective allemande de la fuite et de l'expulsion, une mémoire (ré)unifiée?
Le tournant amorcé depuis 1989 sur le plan de la mémoire collective allemande pose la question de l’héritage de la politique mémorielle est-allemande et marque le début d’une réflexion nationale autour de l’élaboration de " lieux de mémoire " communs aux Allemands de l’Est et de l’Ouest. Le cas de la mémoire de la fuite et de l’expulsion des Allemands au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, qui connaît aujourd’hui une forte conjoncture dans le débat public, constitue un exemple pertinent pour interroger la " réunification " des mémoires est- et ouest-allemandes. En effet, le traitement de cette mémoire fut radicalement différent en RDA et RFA. La mémoire de la fuite et expulsion apparaît comme le prototype d’une mémoire " blessée " (Ricœur) au sens de manipulée, instrumentalisée à des fins politiques, et ce jusqu’au tabou officiel décrété en RDA. Après une présentation synthétique de ces différences Est / Ouest sur le plan du traitement officiel de cette mémoire, l’étude empirique de la mémoire communicative de cet évènement dans les familles d’expulsés permettra de se pencher sur l’impact de ces politiques mémorielles et sur l’existence de différences Est / Ouest au niveau de la mémoire privée de la fuite et expulsion à l’heure actuelle.
Das deutsche kollektive Gedächtnis an Flucht und Vertreibung, ein wiedervereinigtes Gedächtnis ?
Die Wende von 1989 markierte einen Wendepunkt auf der Ebene der deutschen Erinnerungskultur, der die Frage nach gesamtdeutschen Erinnerungsorten angesichts der Erbe einer spezifischen ostdeutschen Erinnerungskultur neu stellte. In diesem Rahmen ist der besonderer Fall der Erinnerung an Flucht und Vertreibung besonders geeignet, um die Vereinigung der ost- und westdeutschen kollektiven Gedächtnisse zu analysieren, da mit diesem Thema in der BRD und der DDR völlig anders umgegangen wurde. Das kollektive Gedächtnis an Flucht und Vertreibung erscheint sogar aufgrund seiner starken politischen Instrumentalisierung bis hin zur Tabuisierung als Prototyp eines „verletzten" Gedächtnisses (Ricoeur), eines „traumatischen“ Erinnerungsorts (Aleida Assmann). Nach einer synthetischen Darstellung der unterschiedlichen Erinnerungspolitiken in Ost und West vor 1989, werden anhand einer empirischen Analyse des kommunikativen Gedächtnisses an Flucht und Vertreibung in Vertriebenenfamilien das Erbe dieser Politiken und die aktuellen Unterschiede zwischen Ost und West untersucht.