Résumé
À l'heure où la construction européenne est marquée par la crise des dettes publiques et par celle de la monnaie unique, Anne-lise Barrière et Benoît Roussel étudient la perception de l’Allemagne, puissance clé en Europe, par l’UMP et le PS ainsi que l’image de ce pays partenaire construite par ces deux partis politiques, autour desquels le débat français s’organise. Les auteurs analysent la nature du compromis élaboré entre les positions française et allemande, compromis fait d’une juxtaposition d’éléments de la culture de stabilité et d’aspirations à une solidarité européenne sur fond d’oppositions de doctrines économiques. Quelles sont les stratégies choisies par l’UMP et le PS pour répondre au déséquilibre économique franco-allemand ? Pour l’UMP, l’Allemagne est le modèle à imiter, la France doit adopter sa culture de la stabilité et sa règle d’or budgétaire. Le PS, moins à l’aise avec les principes de l’ordo-libéralisme qui structurent l’intégration européenne, porte une double volonté qui défie ces principes : il veut préserver le modèle social français et convaincre ses partenaires de réorienter la construction européenne pour la mettre au service des Européens. Cette opposition signifie-t-elle qu’il existe un clivage partisan sur la relation franco-allemande ? La dernière partie de l’article viendra nuancer cette opposition car l’Union européenne est tout autant structurée par le choc des intérêts nationaux que par les oppositions doctrinales. Les auteurs esquissent pour chaque parti des pistes qui, en leur permettant de dépasser leurs manques, pourraient les faire évoluer afin que celui qui accèdera aux responsabilités soit en mesure d’être à la hauteur de cet enjeu décisif de la politique française, de sa place et de son avenir en Europe.