Gustave Guillaume a enseigné à l'École Pratique des Hautes Études (Sorbonne) de 1938 à 1960. Depuis le milieu des années quarante, il y donnait trois conférences par semaine. La troisième, celle du vendredi -série C dans la présente collection des Leçons-, était selon ses propres termes, une conférence d' « initiation à une section de la science du langage » qu'il nomme alors psycho-systématique. L'intitulé de cette série, « Grammaire particulière du français et grammaire générale », en dit assez clairement l'objet : rechercher ce qui, sous les particularités grammaticales d'une langue, relève des universaux linguistiques. Au premier rang de ces universaux ou faits de grammaire générale, Guillaume place, dans la création du langage, la séparation du plan de puissance, celui où se détermine la langue, et du plan d'effet où, à partir de la langue, se forme le discours. Cette distinction l'amène dans un premier temps à analyser l'acte de langage et surtout l'unité de puissance qu'est le mot dans une langue comme le français (mécanisme constructif, raport matière/forme, rôle des suffixes et des préfixes). Une série de questions très variées sont ensuite abordées, toujours en vue d'illustrer les phénomènes observables dans la consruction du langage, comme par exemple la dématérialisation, la théorie de l'auxiliarité, le système du nombre, celui de l'article, la représentation du temps et enfin la question de la personne à laquelle sont consacrées les neufs dernières leons de l'année. La multiplicité des problèmes traités, particuliers et généraux, de méthode, de technique d'analyse et de doctrine, font de cette série de Leçons un véritable traité de linguistique théorique.