Classer, ordonner, sérier, constituent des conduites adaptatives fondamentales qui permettent à l'intelligence humaine d'organiser son environnement afin d'en réduire la complexité. Comment ces conduites se développent-elles? Quels processus cognitifs l'enfant met-il en oeuvre dans ses activités de classification et de sériation? Ces processus sont-ils logiques au sens où le postule la théorie piagétienne? Sont-ils identiques aux différentes étapes du développement?
Telles sont les principales questions auxquelles tente de répondre cet ouvrage. L'analyse comparative des faits expérimentaux disponibles depuis une vingtaines d'années fait ressortir, parmi d'autres, un point essentiel. Entre 6-7 et 11-12 ans, l'enfant n'utilise pas, dans sa résolution correcte des problèmes d'inclusion des classes et de sériation, les opérations séquentielles, décontextualisées, d'une logique opératoire. Bien plutôt, il réalise l'économie de cette logique en traitant de manière globale, non arbitraire, et dans un contexte spatio-temporel déterminé, les stimuli qui lui sont présentés. Ce "bricolage" qui assure sa cohérence, s'effectue en référence aux représentations imagées et sémantiques actuelles qu'il a extraites de son environnement.
Cette conclusion remet en cause certains aspects du modèle logique piagétien et conduit à réviser le contenu des stades du développement cognitif.