La sémiologie n'a aujourd'hui plus besoin de se présenter et de solliciter timidement son admission dans le concert des sciences humaines. Après une phase héroïque d'intense activité théorique, la sémiologie théâtrale doit désormais contribuer activement à l'analyse et à l'approfondissement de ses objets d'études. Peut-être lui faut-il aussi apprendre à se situer par rapport aux autres approches des études théâtrales, approches qu'elle n'a d'ailleurs jamais, malgré un bruit persistant, songé à remplacer ou à liquider. Respecter les autres afin de prétendre être elle-même respectée: tel semble être son désir le plus secret. La sémiologie n'a rien d'une machine et d'une technique destinées à produire des discours tout faits sur un texte et une scène. Elle doit au contraire construire cette machine analytique en fonction de l'objet théâtral étudié et des questions qu'elle souhaite poser à divers aspects et composantes de l'activité théâtrale. Le livre de Patrice Pavis, Voix et Images de la Scène, est d'abord un bilan et un temps d'arrêt dans la course aux théories et dans la frénésie des paroles sur le théâtre. Il se propose d'appliquer et de tester la théorie sémiologique dans plusieurs domaines: -l'analyse du texte et du discours dramatiques; -la gestualité du comédien et du mime; -la réception du texte par une époque, un public et des metteurs en scène. Ainsi se trouvent posés les jalons d'une analyse portant sur trois pratiques et trois moments de l'expérience théâtrale: la production textuelle, sa transmission par le corps de l'acteur, sa réception par le spectateur. Une série d'exemples permet de vérifier ces résultats théoriques et parcellaires au contact de spectacles modernes et classiques, manière de rendre un dernier hommage à ce qui a mis en branle ce remue-ménage théorique: les Voix et Images de la Scène.