Entre les projets que fédérait après-guerre le thème de l'Éducation permanente et l'objectif de "formation tout au long de la vie" affiché aujourd'hui par la Communauté européenne, la promotion sociale a représenté pendant plusieurs décennies l'enjeu d'intenses débats sociaux, de politiques ambitieuses de l'État, et des aspirations d'une foule de salariés qui voulaient "réussir dans la vie", "changer de catégorie", "s'élever dans la société". Pour tous, formation et promotion représentaient alors deux aspects indissociables d'une même réalité.Par une série de glissements de sens, de substitutions de termes et d'inflexions de l'action publique, les impératifs économiques ont de plus en plus dominé les objectifs et les significations de la formation, au point d'en faire aujourd'hui une obligation personnelle incombant à tout salarié dans le simple but de maintenir son employabilité, détachée désormais de l'espoir de suivre une mobilité professionnelle ascendante.Ce livre retrace, à travers l'analyse des organismes impliqués dans la promotion sociale, de leurs publics et des effets de la formation sur la situation professionnelle, les grandes lignes de cette évolution historique de la société française, et apporte des éléments de comparaison avec d'autres pays européens.
Claude Dubar, Professeur de sociologie, directeur du laboratoire Printemps (Professions-Institutions-Temporalités) a soutenu en 1984 une thèse d'État sur la formation continue, et a publié de nombreux ouvrages sur ce thème. Il a abordé également à diverses reprises les questions de la mobilité professionnelle, de l'insertion des jeunes et l'analyse des récits biographiques.
Charles Gadéa, sociologue, maître de conférences à l'Université de Rouen, chercheur au GRIS et au Laboratoire Printemps, effectue des recherches sur les groupes professionnels (ingénieurs, cadres, travailleurs sociaux).