Le rôle historique du cinéma est de nous avoir donné le visible une seconde fois, en ajoutant le temps à l'image. Il reste pourtant dans tout film une large part d'invisible : c'est elle qui est ici décrite, et explorée.
Le cinéma en effet nous rend conscients de l'ambiguïté fondamentale de notre relation au visible. Sa force documentaire, comme son jeu inné avec la fiction, lui ont permis de convoquer les invisibles essentiels du monde, et aussi bien, des effets psychiques qui mettent en péril la visibilité du visible. Il nous autorise à croire que nous voyons vraiment quelque chose d'autre que le monde des apparences.
Ce livre ne fait ni la théorie, ni l'histoire de cette doublure du visible que transporte le cinéma, mais en donne un panorama complet, attentif à ne jamais trancher abstraitement, mais à toujours s'appuyer sur des exemples concrets, et nombreux.
Jacques Aumont directeur d'études à l'EHESS et enseigne aux Beaux-arts de Paris.
Jacques Aumont a été universitaire (professeur émérite à la Sorbonne Nouvelle) et critique (Cahiers du cinéma, Cinémathèque, Trafic, Art press…). Il est l'auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur le cinéma et les images, et a reçu en 2019 le Prix Balzan.
Il y a aujourd'hui une crise de la description des images du cinéma, si l'on en croit une déclaration de Jean-Luc Godard pour qui les cinéphiles devraient s’inspirer du quotidien de sport L’Équipe : « Dans le compte-rendu que je lis, je retrouve vraiment ce qui s’est passé la veille », dans la mesure où les journalistes sportifs décrivent...