Lexique 15/ Les noms propres : nature et détermination


Première édition

Les textes rassemblés dans ce volume de Lexique montrent combien d'énigmes entourent encore le nom propre, pourtant sorti de la marge où l'avait maintenu la tradition depuis les travaux de Georges Kleiber, Michèle Noailly, Kerstin Jonasson et Marie-Noëlle Gary-Prieur.
La question – toujours en débat – de la nature du nom propre est abordée de différents biais : par la traduction commentée du texte d’un grammairien arabe, lecteur avisé de Platon et précurseur de certaines théories modernes (Seyfeddine Ben Mansour) ; par une réflexion, grâce à l’étude de même, sur le rôle du nom propre dans l’affirmation de l’identité (Michèle Noailly) ; par une interrogation sur les " noms de temps ", qui semblent posséder des propriétés caractéristiques du nom propre (Danièle Van de Velde) ; enfin, par une discussion, appuyée sur une prise de position cognitiviste, de la thèse selon laquelle l’essence du nom propre est constitutive de son sens (Walter De Mulder).
En traitant des frontières entre noms communs et noms propres, les autres contributions abordent, en termes plus grammaticaux, la question apparentée de l’opposition entre général et particulier. Deux d’entre elles mettent l’accent sur ce qui les différencie du point de vue du fonctionnement du pluriel (Marie-Noëlle Gary-Prieur) et des conditions d’emploi de autre (Catherine Schnedecker). Les deux autres présentent une série de faits relatifs à la présence du partitif (Nelly Flaux) et aux emplois figurés (Nelly Flaux) ; ces faits, tout en montrant la perméabilité des frontières, donnent une assise supplémentaire à la distinction catégorielle entre les deux classes de mots habituellement rassemblées sous le même chef dans les grammaires anciennes et contemporaines.


Livre broché - 19,82 €

Spécifications


Éditeur
Presses Universitaires du Septentrion
Marque d'éditeur
Lexique
Partie du titre
Numéro 15
Avec
Seyfeddine Ben Mansour, Marie-Noëlle Gary-Prieur, Walter de Mulder, Michèle Noailly, Catherine Schnedecker,
Édité par
Danièle Van de Velde, Nelly Flaux,
Revue
Lexique
ISSN
07567138
Langue
français
Catégorie (éditeur)
Catalogue Septentrion > Linguistique, traductologie > Linguistique
Catégorie (éditeur)
Catalogue Septentrion > Linguistique, traductologie
BISAC Subject Heading
LAN009000 LANGUAGE ARTS & DISCIPLINES / Linguistics
Code publique Onix
05 Enseignement supérieur
CLIL (Version 2013-2019 )
3080 SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES > 3147 Linguistique, Sciences du langage
Date de première publication du titre
30 mai 2000
Subject Scheme Identifier Code
Classification thématique Thema: Linguistique

Livre broché


Date de publication
30 mai 2000
ISBN-13
978-2-907170-08-6
Ampleur
Nombre de pages de contenu principal : 152
Code interne
682
Format
14 x 24 cm
Poids
223 grammes
Prix
19,82 €
ONIX XML
Version 2.1, Version 3

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Sommaire


Danièle Van de Velde & Nelly Flaux
Présentation

Seyfeddine Ben Mansour
La définition du nom propre selon Ibn Ya'is,(11581245),
traduction commentée d'un extrait du Sarhal-Mufassal

Michèle Noailly
« Ce même Bajazet » : nom propre et principe d'identité

Danièle Van de Velde
Existe-t-il des noms propres de temps ?

Walter De Mulder
Nom propre et essence psychologique. Vers une analyse
cognitive des noms propres ?

Marie-Noëlle Gary-Prieur
Les noms propres et le pluriel

Catherine Schnedecker
Le nom propre modifié par autre ou Comment « une
Micheline peut en cacher une autre »

Nelly Flaux
Le nom propre et le partitif

Nelly Flaux
Nouvelles remarques sur l'antonomase

Résumés en français

English Abstracts


Extrait


La définition du nom propre selon Ibn Ya'Is (1158-1245), traduction commentée d'un extrait du Sarh al-Mufassal

Résumé

Cette étude" philologique consiste en une traduction et un commentaire d'un texte de Ibn Ya'ïs (1158-1245) extrait du Sarh al-Mufassal et ,portant sur la définition du nom propre. Si le commentaire vise essentiellement à l'explication d'un texte dense dont il retrace les moments, il a néanmoins recours à la comparaison avec d'autres écrits : (i) avec le Craty1e, qui informe littéralement cet extrait du Sarh al-Mufassal; (ii) avec des textes qui lui sont postérieurs, qui n'ont pas subi son influence, mais qui du moins permettent de le rapporter à notre déjà connu, c'est-à-dire de le situer par rapport à la tradition (Port Royal) et aux principales théories relatives au sens du nom propre (Mill; Frege et Russell, puis Searle; Kripke ; Kleiber).

Summary

This phiiological study consists in a translation and a commentary of a text by Ibn Ya'is (1158-1245) taken from the Sarh al-Mufassal and dealing with the definition of proper names. The main aim of the commentary is to explain this complex text and to reveal its structure. However sorne comparison with other texts is provided. First, with the Cratylus, which provides the point of departure for this excerpl. Second, with later texts, which were not influenced by it, but which make it possible to relate it to more familiar frameworks, e.g. the Port Royal tradition and the main recent theories of the proper name (Mill; Frege, Russell and Searle ; Kripke ; Kleiber).


« Ce même Bajazet » : nom propre et principe d'identité

Résumé

Les descriptions récentes du nom propre ont fait la part belle aux noms propres dits "modifiés". En particulier, il est postulé que seuls ces derniers permettent d'accéder aux "instances spatio-temporelles" de l'individu, alors que le nom propre non modifié donne de celui-ci une représentation moins différenciée, donc plus abstraite. Mais c'est en juger en méconnaissant le rôle cognitif du principe d'identité, qui nous fait reconnaître l'unité d'un individu en dépit même des changements qui l'affectent. Sur la base de ces considérations est analysée la construction le / ce même Npr, qui, donnée par les observateurs comme destinée à reconstruire "l'unité toujours menacée de l'individu", relève en fait d'un emploi déri vé du nom propre, parce que, tout en affirmant l'identité du référent à soi-même, elle construit à partir du nom propre une classe de dénomination.

Summary

Recent descriptions of proper names have laid emphasis on socalled "modified" proper names. In particular, it is suggested that only these enable one to reach the "spatio...temporal occurrences" of the individual, while the unmodified proper name gives a less specified, hence more abstract, representation. But such an analy.;. sis fails to take into consideration the cognitive role of the principIe of identity, which forces us to recognize the unity of an individual despite the changes which affect il. On the basis of these considerations, the construction le / ce même PROPER NAME is analysed. The purpose of this construction has been claimed to be to reconstruct "the constantly threatened unity of the individual". It is in fact based on a derived use of the proper namè, bécause, at the same time as it affirms the identity of the referent to itself, it constructs a denomination clas-s from the proper name.


Existe-t-il des noms propres de temps ?

Résumé

Ce qui est suggéré ici,· c'est d'ajouter aux catégories de la personne et du lieu, entre lesquelles on répartit généralement les noms propres, celle du temps. L'argumentation repose sur l'idée que les noms propres constituent une sorte de projection fixe du système de repérage mobile offert par la triade je-ici-maintenant. Les noms propres auraient pour fonction de permettre la constitution d'une (pseudo-)objectivité, parallèle à la subjectivité fondatrice de la triade déictique. Mais s'il en est bien ainsi, il faut qu'il y ait des noms propres, non seulement de personnes et de lieux, mais aussi de temps. Quelques faits d'ordre syntaxique sont alors rassemblés, qui montrent qu'en effet il en est sans doute bien ainsi.

Summary

This paper outlines a conception of proper names in which they are the (pseudo-)objective counterpart of the more primitive and entirely subjective deictic system. Since the deictic system contains three terms (referring respectively to person, space and time), it is assumed that there must be three types of proper names. Having thus established the necessity of temporal proper names, the paper argues that nouns referring to temporal entities stich as days, months or years, do behave like proper names.


Nom propre et essence psychologique. Vers une analyse cognitive des noms propres?

Résumé

Dans les théories cognitives, toute expression est porteuse de sens et le sens se définit comme la conceptualisation d'une situation ou d'un objet. Il semble donc difficile d'accepter qu'un nom propre établisse un lien direct avec le particulier qu'il désigne. Ce particulier ne peut être donné que sous forme d'une représentation mentale. Dans l'espoir de déterminer comment le sens des noms propres peut être décrit dans la théorie cognitive, j'analyse la théorie causale et la notion de désignateur direct de Kripke. Il s'avère alors que la notion de référence directe n'est pas synonyme d'absence de sens et que le sens des noms propres comporte une relation de dénomination et une exigence d'interpréter son référent à l'aide de la notion d'essence, comme le propose aussi G. Kleiber. A. Wierzbicka se sert de l'idée d'une essence pour analyser les termes d'espèces naturelles. Je propose d" interpréter cette essence comme une essence psychologique (D. Medin & A. Ortony). Cela permet de mieux définir le rapport entre les informations descriptives associées au nom propre et l'essence, et d'analyser quelles sont les informations descriptives nécessaires.

Summary

In cognitive linguistics, each expression carries sense and sense is defined as conceptualisation. Consequently, proper names cannot be defined as directly referential, if that means that they express a direct link with their referent, without any intervening conceptualisation of the referent. A careful analysis of the notion of direct reference as used by Kripke shows however that direct reference does not necessarily imply absence of sense. The notion of rigid designator on the other hand suggests that the idea of essence could play a role in the conceptualisation of the referent implied by proper names. l propose to define this notion of essence as psychologica,l essence (D. Medin and A. Ortony) and consequently' to analyse the sense of proper names as composed of two parts : a relation of naming and the demand to interpret the referent by means of the idea of an essence (G. Kleiber). A. Wierzbicka already uses such an essence to analyse natural kind terms. l show that the idea of a psychological essence allows one to better understand the value and the nature of the descriptive elements associated.


Les noms propres et le pluriel

Résumé

Cet article décrit le pluriel de certains noms propres en proposant une distinction entre pluriel lexical (les Seychelles, les Alpes, les Bourbons) et pluriel discursif (Les Ginette se révoltent). Il débouche sur l'hypothèse que le pluriel des noms propres s'explique régulièrement, en fonction de la construction du nom propre, par une combinaison de singularité et de pluralité.

Summary

This paper describes the plural of several types of proper names. It makes a distinction between lexical plurals (les Seychelles, les Alpes, les Bourbons) and discursive plurals (Les Ginette se révoltent). This leads to a hypothesis (which is confirmed by other works on the subject) according to which the plural of proper names can be regularly explained, on the basis of the name' s construction, as a combination of singularity and plurality.


Le nom propre modifié par autre ou comment « une Micheline peut en cacher une autre »

Résumé

En tant que marque de l'identité par excellence, ~e nom propre semble difficilement compatible avec l'adjectif autre censé exprimer la non-identité. Pourtant la combinatoire se révèle productive au point de concerner tous les emplois modifiés du nom propre. A travers l'analyse des emplois dits "métaphorique", "dénominatif" et "fractionné", on tente de dégager les paramètres conditionnant les interprétations. D'autre part, on étudie les interactions qu'exercent l'un sur l'autre le nom propre et l'adjectif autre dont on montre l'originalité.

Summary

As identity markers par excellence, proper nouns seem to be hardly compatible with the adjective autre ("other"). However, the combination is so productive that it concerns aIl the modified uses of the proper noun. By analysing the so-caIled "metaphoric", "denominative" and "stage level" uses of proper nouns, we will try on the one hand to isolate parameters which determine these different interpretations. On the other hand, a closer look at the different types of interactions between proper nouns and the adjective autre will reveal the originality 9f the latter.


Le nom propre et le partitif

Résumé

Le travail présenté ici s'efforce de répondre à trois questions qui sont en débat depuis quelques années à propos des emplois du nom propre précédé du déterminant partitif. La première concerne les emplois métonymiques du type lire du Sand, admirer un Matisse. Ces emplois correspondent-ils à langue semble bien distinguer, parmi les "oeuvres artistiques" désignées par un nom propre d'auteur, entre celles qui sont munies d'une extension dans le temps, celles qui sont munies d'une extension dans l'espace et celles qui sont pourvues des deux : extension temporelle et extension spatiale. La deuxième question porte sur le statut d'un autre type de métonymie, "qualitative" celle-là, illustrée par un exemple comme Ça, c'est bien du Marie! L'analyse proposée s'efforce de montrer la radicale différence - insuffisamment dégagée jusqu'ici - entre cette métonymie et la précédente : les actes ou les comportements n'ont rien à voir avec des "œuvres" et le rapport d'un sujet à ses actes n'est pas du même type que celui qui unit un créateur à ses "œuvres". La troisième question porte sur le statut des formes DU, DE LA et DE L' qui apparaissent devant les noms propres en antonomase (Il y a de la Jeanne d'Arc dans cette fille) : s'agit-il vraiment de partitif ? Sinon, pourquoi ?

Summary

This paper tries to answer three questions, which have been discussed for several years now, about the usage of proper nouns preceded by a partitive determiner. The first question concerns metonymic uses, such as lire du Sand, admirer un Matisse. Do these uses faU into the same homogeneous category ? The proposed answer is negative : language seems to differentiate the "works of art" specified by the name of the author into those with an extension in time, those with an extension in space, and those with both a temporal and spatial extension. The second question concerns the status of another type of metonymy, called "qualitative", illustrated in the following exampIe: Ça, c'est bien du Marie! The analysis proposed attempts to show that there is a radical difference, insufficiently brought out before, between this type of metonymy and the previous one. Action and behavior have nothing to do with "works », and the relationship between the subject and his / her actions is not of the same type as that which relates a creator to his "works". The third question deals with the status of the forms DU, DE LA and DE L' which appear in front of proper nouns in "antonomase" (Il y a de la Jeanne d'Arc en elle). Is this really a partitive? If not, why not ?


Nouvelles remarques sur l'antonomase

Résumé

Après avoir rappelé les vicissitudes du terme antonomase de Quintilien à Du Marsais puis à Fontanier et signalé quelques flottements terminologiques plus récents, l'auteur propose une définition "étroite" de ce terme, s'inspirant notamment d'un article précurseur de Meyer & Balayn (1981). Les restrictions apportées à la définition de l'antonomase (ou emploi métaphorique du nom propre) permettent de préciser·les frontières qui séparent ce trope d'autres figures auxquelles donne lieu l'emploi du nom propre déterminé. Ce qui amène à mettre en évidence certaines propriétés paradoxales de deux d'entre elles : l'emploi dit "exemplaire" (C'était un siècle où un Bossuet pouvait se permettre de donner des leçons aux Grands) et l'emploi dit "emphatique" (Les Bossuet, les Bourdaloue, les Massillon ont illustré la chaire chrétienne au XVIIe siècle) ; dans l'un et l'autre cas, on a affaire à un "pseudopluriel".

Summary

The author traces variations in the use of the term antonomasia from Quintilian to Du Marsais and Fontanier and identifies a few recent terminological fluctuations. She then proposes a "narrow" definition of this term, inspired by an article by B. Meyer and J.-D. Balayn (1981). By restricting the definitionof antonomasia (the metaphoric use ofproper nouns) the author can specify the limits that separate this trope from other figures of speech using a proper noun with a determiner. She then highlights certain paradoxical properties of two such figures: the "exemplary" use (C'était un siècle où un Bossuet pouvait se permettre de donner des leçons. aux Grands) and the "emphatic" one (Les Bossuet, les Bourdaloue, les Massillon ont illustré la chaire chrétienne au XVIIe siècle) : in both cases, we are dealing with a "pseudo-plural".