Dans
Quarante générations de Français face au sacré, Alain Derville jette un regard original et souvent iconoclaste sur l'histoire religieuse de la France médiévale. Il étudie successivement l'époque mérovingienne, période d'assimilation lente de l'héritage du christianisme antique ; l'époque carolingienne, période de mise en ordre de cet héritage sous l'égide de la royauté sacrée ; le Moyen Âge roman, période d'effervescence créatrice autant dans le champ spirituel que dans les champs intellectuel et artistique ; et « le temps des laïcs », étendu de façon peu conventionnelle du début du XIIIe siècle à l'aube du XVIe, où l'on voit tout l'édifice institutionnel de l'Église médiévale contesté, éventuellement revivifié, par les multiples courants évangéliques ou réformateurs. La nouveauté principale du livre réside précisément dans le refus de brosser un tableau (un de plus !) de l'institution ecclésiale, à laquelle l'historiographie traditionnelle a consacré tant de pages édifiantes, pour donner prioritairement la parole au peuple chrétien - un peuple disparate, agité par des sentiments religieux souvent contradictoires, toujours passionnés, que l'auteur observe avec une scrupuleuse, mais aussi bienveillante, attention.
Alain Derville (1924-2002), professeur émérite à l'Université de Lille 3, s'est imposé comme l'un des plus grands spécialistes de l'histoire des villes et des campagnes du Nord de la France à l'époque médiévale (notamment avec ses livres sur
Saint-Omer des origines au début du XIVe siècle, ou sur
L'Agriculture du Nord au Moyen Âge, tous deux parus aux Presses Universitaires du Septentrion). Mais il a élargi l'horizon de ses curiosités scientifiques, jusqu'à publier chez le même éditeur une
Société française au Moyen Âge, ou à offrir au lecteur l'ouvrage posthume aujourd'hui présenté sur
Quarante générations de Français face au sacré.