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Noeud de communications, au croisement d'une route et d'un fleuve -à l'endroit même où celui-ci devient aisément navigable-, ville frontière assise exactement sur la limite du royaume de France et de l'Empire, ville marchande au développement précoce et puissant attesté par des documents insignes (la charte de la guilde 1067-1070, la charte de la paix 1114): tels sont les principaux atouts de Valenciennes durant le long Moyen Âge, un Moyen Âge qui ne commence pas à la première mention de la ville (693), mais qui doit se replier au passé romain régional, notamment celui du site de Famars. Après un XVIe siècle marqué par la révolte politico-religieuse de 1566-1567, puis par la restauration religieuse en particulier sous le règne des Archiducs, la conquête française de 1677 marque un tournant. Le changement de domination, la fixation de la frontière actuelle (1713), l'établissement dans la cité du siège de l'intendance de Hainaut (1715) bouleversent un système ancien de relations et d'influences. C'est le monde moderne qui s'annonce. La découverte de la houille provoque au XVIIIe siècle, mais surtout au XIXe siècle l'installation de l'industrie métallurgique, qui relaie l'antique activité textile, base économique de la ville médiévale, et relègue au second plan l'artisanat de luxe de la dentelle. La fondation en 1782 des Ecoles académiques illustre le rôle artistique de la ville qui s'affirme avec force au XIXe siècle par la conquête de nombreux prix de Rome. Quand au rôle militaire de Valenciennes, il est inscrit dans le corps même de la cité par les affreuses blessures que lui ont infligées le siège de 1793, la reconquête française de 1918 et surtout l'incendie de mai 1940 au cours duquel tout le coeur historique a péri. Le présent de Valenciennes colle vraiment à son passé et ne peut se déchiffrer sans son aide. C'est ce passé aussi qui peut apporter à une ville et à une région durement frappées par la crise une leçon d'espoir et de ténacité.