Symbole de l'effondrement de la France et des démocraties du continent européen en 1940, Dunkerque, massivement bombardée et ayant perdu tout intérêt stratégique pour les Alliés, fut aussi condamnée à être la ville la plus tardivement libérée. À partir de septembre 1944, cette « poche », couvrant toute l'agglomération dunkerquoise, érigée en « forteresse » par les Allemands et commandée par un nazi halluciné, devint un « front oublié » où la guerre joua les prolongations jusqu'au 9 mai 1945. Soixante ans plus tard, tandis que s'effectue le passage de la mémoire à l'Histoire, des documents et témoignages inédits ressurgissent, offrant de nouveaux éclairages sur cet ultime épisode de la Seconde Guerre mondiale, permettant également une lecture croisée avec les publications existantes, en particulier les plus récentes. La parole est ainsi donnée aux témoins, dont deux prêtres atypiques, qui décrivent avec une extrême précision les conditions de l'enfermement, la vie quotidienne des populations civiles ayant refusé d'évacuer et les relations occupants-occupés. Ce corpus est complété par des documents d'origine militaire qui relatent la conduite des opérations, les forces en présence, la nature des combats et l'environnement de ce siège qui retarda la renaissance de la cité de Jean Bart et de son port.