Brian Friel, né en 1929 en Irlande du Nord, est l'auteur de plusieurs oeuvres radiophoniques ainsi que d'une douzaines de pièces pour le théâtre, données à Belfast, à Dublin, à Londres, à New York, et l'un des plus célèbres parmi les dramaturges anglophones d'aujourd'hui. On trouvera, réunis ici sous l'égide du Centre d'Etudes et de Recherches Irlandaises de l'Université de Lille III dont Friel a été l'invité, trois titres : Philadelphie, mon amour (1964) où un jeune homme, à la veille d'émigrer, passe en revue, avec l'aide de son double, les raisons de son attachements à sa terre natale et de ses dégoûts pour celle-ci et projette son angoisse d'un avenir incertain. Les amours de Cass McGuire (1966), dialogue - avec les spectateurs, les habitants d'un hospice, sa famille et son moi - d'une vieille irlandaise de retour des États-Unis, qui présente la situation inverse : les retrouvailles attendues avec le pays. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres et du cliché à la réalité. Les saisons de l'amour (1967). Qui gagne ici? Les êtres de Printemps? Mais ils ne danseront même pas jusqu'à l'été. Ceux qui acceptent, alors, les demi-teintes des compromis de l'automne? La question, celle-là comme bien d'autres, est posée mais c'est au lecteur-spectateur d'y répondre ; le théâtre de Friel ne présente pas de thèse, c'est un théâtre de devenir et de mouvance, un précaire et merveilleux équilibre entre les certitudes et le désespoir, le rire et les larmes, dans une forme neuve et pourtant éminemment accessible.