Au coeur de l'actualité, la précarité est souvent médiatiquement présentée, en suivant le discours porté par les pouvoirs politique et économique, comme un mal nécessaire permettant de limiter la croissance du chômage. À la lumière de la longue portée de la critique historique, il apparaît néanmoins essentiel d'infirmer ce discours et d’en souligner les dangers en termes sociaux et politiques. C’est la démonstration qui est faite ici à travers l’exemple de l’édification industrielle du département du Nord.
Cette précarité, loin de constituer une innovation, est déjà concomitante du développement du travail salarié au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Elle y constitue, en l’absence de protections sensibles, un instrument de pression visant à s’opposer aux prétentions ouvrières ; mais elle est également un déterminant politique de premier ordre qui permet de contraindre le vote des ouvriers et parfois, de donner une expression politique à leur ressentiment et à leur détresse.
Ce livre s’adresse à tous ceux qui, conscients des enjeux politiques et sociaux actuels, souhaitent pouvoir argumenter en avançant des éléments historiques concrets permettant de mesurer ce en quoi la précarité, et l’utilisation qui en est faite, sont centrales dans les constructions démocratiques et républicaines à l’oeuvre en France du XIXe siècle à nos jours.
Introduction
Première partie
La Grande Peur ouvrière
Chapitre 1
La révélation de 1848
De la misère à la violence
La République et le travail
Le Nord en République
Les ateliers de travail du Nord
Le retour de la crise et la marche à l'Empire
Un embryon de syndicalisme
Chapitre 2
L'instabilité du travail
Le rail, moteur de l’industrialisation
Les mutations techniques et leurs effets sur le travail
Des crises à répétition
La justification patronale : du libre-échange à l’avarie « volontaire »
Chapitre 3
Les conséquences du sous-emploi
La misère dans tous ses états
La répression du « gibier de prison »
Un facteur criminogène
La bienfaisance privée, l’assurance ou l’assistance publique
Deuxième partie
Réactions et mobilisations ouvrières
Chapitre 4
De la machine à l’étranger : la recherche de coupables
Le double visage du machinisme
Xénophobie ou expression de la misère ?
Chapitre 5
Structuration et opposition du milieu ouvrier
La grève, un premier symptôme d’organisation
L’affirmation syndicale
Les stratégies syndicales face au sous-emploi
Vers la contractualisation
Chapitre 6
Premiers essais d’organisation des sans-travail
L’impulsion parisienne
Les traits spécifiques du Nord
Troisième partie
Un nouvel enjeu politique
Chapitre 7
La question du régime
Un empereur populaire
Un vote sous pressions
Une transition difficile vers la République
L’espérance boulangiste
Chapitre 8
Le travail dans l’argumentation électorale
Les socialistes et les sans-travail
Les tentatives nationalistes
Conclusion
Sources
Bibliographie
Index