« Politiques de Ponge » : l'expression, au pluriel, renvoie certes aux diverses prises de position de Francis Ponge – adhésion au PCF puis opinions gaullistes, etc. ; mais politique, Ponge l’est surtout par sa conscience précoce d’utiliser, comme écrivain, un matériau commun, la langue, d’agir sur ce matériau et d’en proposer d’autres usages. Politiques, ses textes le sont aussi car disponibles dans l’espace public et objets d’appropriations diverses, voire contradictoires.
Sont ici envisagées l’ensemble de ces positions et propositions, de la « pose du révolutionnaire ou du poète » d’abord revendiquée, à l’attachement patriotique à la langue française, enté sur la figure paternelle de Malherbe. De même sont étudiés les « usages » politiques dont l’œuvre a fait l’objet et les malentendus plus ou moins volontaires qui les ont entourés.
S’appuyant sur les correspondances récemment publiées et sur le renouveau de la théorie concernant les relations de la littérature au politique, les contributions d’universitaires et d’écrivains ici rassemblées explorent donc les politiques de Ponge dans leur pluralité et font résonner le « paradis des raisons adverses » qu’est l’œuvre de Ponge – espace des partis pris et des controverses bien vivant.