L'œuvre de Marx est construite autour d'un triptyque « travailliste » – anthropologie générale, socio-économie historique et utopie sociale – dont il s’agit de montrer la puissance, la pertinence et l’actualité. Même si la centralité du travail ne s’institue et ne semble valoir que pour le seul monde moderne, il ne saurait y avoir de société qui n’ait fait, d’une manière ou d’une autre, l’expérience du travail comme forme essentielle de la condition humaine. Si la philosophie du travail définit fondamentalement l’être humain, il revient à la socio-économie des modes de production – en particulier le capitalisme où règne la « loi de la valeur» – de montrer que, dans l’histoire, le travail a toujours été l’objet de multiples aliénations qui obèrent la vérité anthropologique dont il est universellement porteur. Seule une société émancipée de toutes les formes de domination pesant sur le travail permettra à chacun de ses membres de s’épanouir pleinement. On peut bien sûr discuter tel ou tel point du « travaillisme » marxien, à commencer par l’utopie communiste. Mais tant que notre horizon social restera dominé par le capitalisme, cette approche constituera une ressource incontournable pour comprendre le présent, le subvertir et dégager une perspective d’émancipation.
Introduction :
Plaidoyer pour un détour par Marx
Chapitre 1 :
Travail, anthropologie et histoire
1. L'anthropologie générale comme anthropologie du travail
1.1. La notion générale de travail chez Marx
1.2. Interprétation structuraliste versus interprétation phénoménologique ?
2. Les métamorphoses du travail dans le mode de production capitaliste
2.1. La forme marchande des produits du travail pervertie par la logique d’accumulation
2.2. L’exploitation du travail-vivant par le capital
Chapitre 2 :
Travail, valeur et ontologie sociale
1. Valeur et « loi de la valeur »
1.1. La « loi de la valeur » comme « loi particulière »
1.2. La « loi de la valeur » comme « loi générale »
2. Travail abstrait et travail en général
2.1. Contenu, grandeur et formes de la valeur
2.2. La valeur a-t-elle une substance ?
3. Quels rapports entre théorie économique et anthropologie générale du travail ?
3.1. Le rejet de tout fondement métaphysique de la théorie – contre la conception vitaliste
3.2. Le travail comme « imaginaire instituant du capitalisme » : Castoriadis lecteur de Marx
3.3. Travail, imagination et sujet
Chapitre 3 :
Travail, émancipation et justice
1. Un mouvement d’émancipation en trois temps
2. Les ambiguïtés persistantes de « l’étage du bas » de la phase ultime de la société communiste
Chapitre 5 :
Travail, émancipation et hétéronomie
1. Travail et communisme chez Simone Weil
1.1. La liaison intime entre nécessité et liberté dans l’anthropologie du travail de Simone Weil
1.2. Repenser l’émancipation de la société (au-delà de Marx) sans penser la société (avec Marx) ?
2. Communisme et hétéronomie : André Gorz au-delà de Marx
2.1. L’émancipation entre autonomie et hétéronomie
2.2. Socialisation des subjectivités ou subjectivation de la société ?
2.3. De l’hétéronomie de la société à l’hétéronomie dans la société
Chapitre conclusif :
Travail, capitalisme et socialisation
1. Le débat actuel sur le travail et sur la « fin du travail »
2. La « centralité du travail » comme construction sociale
3. Centralité moderne du travail et domination capitaliste
Bibliographie