Le fort développement des établissements d'enseignement des « musiques actuelles » depuis la fin des années quatre-vingt-dix s’est accompagné – et s’accompagne toujours – de toute une réflexion pédagogique visant à protéger ces pratiques d’origine autodidacte de la « normalisation » de l’enseignement scolaire de la musique. Mais qu’en est-il réellement ?
À rebours des discours pédagogiques, cette enquête montre que l’institutionnalisation de l’enseignement de ces musiques modifie, en réalité, fondamentalement le rapport à la musique et à la pratique des élèves. Au croisement de la sociologie de l’éducation et de la sociologie de l’art, cette recherche interroge plus largement l’impact de la scolarisation des cultures populaires et met en évidence l’émergence d’une nouvelle figure de musicien de musiques « populaires ».
Introduction
Chapitre 1.
Savoir « travailler ».
D'un intérêt pour ce qui est joué vers un intérêt pour le jeu
Des morceaux aux exercices
Jouer des morceaux pour « travailler » : la secondarisation de la reprise
Savoir « travailler » un morceau : découper et ralentir la musique
La dévalorisation du plaisir pour la production musicale immédiate
Chapitre 2.
La formalisation des lieux et des temps de jeu
Le développement de lieux et de temps propres de la pratique individuelle
La répétition : d'un moment de « vie » à un moment strictement musical
La redéfinition de la pratique en public
En guise de conclusion : l’impression de jouer « plus qu’avant » comme conséquence de la formalisation des lieux et moments de pratique
Chapitre 3.
Une pratique qui perd sa fonction de sociabilité
Une pratique plus solitaire
Une relation plus strictement musicale aux partenaires de jeu
Chapitre 4.
La rationalisation du corps guitariste
Lutter contre les « mauvaises habitudes »
Jouer « plus haut » : l’« efficacité » contre le « look »
Se mettre à s’échauffer
La « découverte » de « l’importance » de la main droite
Se « calculer » une attitude de scène
Chapitre 5.
« Comprendre » la musique.
Le basculement dans une approche théorique de la musique
La réappropriation théorique des compétences pratiques
L’improvisation et la poly-instrumentalité comme révélatrices d’une approche théorique de la musique
Le développement d’un registre théorique d’appréciation de la musique
Vocabulaire musical et rapport au savoir
Conclusion
Bibliographie