La figure de l'artiste tiraillé entre la création et les contingences d'un travail alimentaire n'épuise pas la réalité de la pluriactivité dans les mondes de l'art et de la culture. Aujourd'hui, vivre de son art implique souvent de vivre aussi grâce à l'art, en tant qu'enseignant, administrateur, technicien, animateur d'atelier, médiateur ou critique, voire comme chercheur en sciences sociales. Mais quel est le sens et la portée de cette diversification ? En quoi est-elle un régulateur des marchés du travail artistique ? Revêt-elle les mêmes formes d'une discipline artistique à l'autre ? Y a-t-il complémentarité ou concurrence entre les activités que les professionnels tentent de mener de front ? Voici quelques unes des questions auxquelles les contributions de cet ouvrage collectif, fruit d'un séminaire organisé par le Centre d'études de l'emploi entre 2003 et 2006, tentent de répondre. Que ce soit dans la musique, la danse, le théâtre ou les arts plastiques, les compétences créatrices se révèlent insuffisantes pour l'exercice d'un métier artistique. Depuis vingt ans, les artistes investissent massivement la formation, la médiation et le travail social, ces champs du «travail sur autrui» où la concurrence est rude. Désormais, l'enjeu est sans doute dans la définition des nouveaux faisceaux de tâches qui constituent les métiers d'artistes et dans leur reconnaissance par les acteurs sociaux.