Une campagne électorale ne peut plus se concevoir sans Internet. L'usage intensif de Facebook et Twitter a-t-il changé les manières de faire campagne ? Face à la rétractation de l’engagement partisan, Internet est-il un moyen d’« ouvrir » les partis politiques à de nouvelles formes de militantisme et à de nouveaux adhérents ? La sociologie des professionnels de la communication politique est-elle modifiée par la technicisation des pratiques ? Le web 2.0 est-il une arme politique d’un nouveau genre ? Pour répondre à ces questions, l’analyse s’appuie sur une enquête approfondie auprès des adhérents (réponses à 1 000 questionnaires, une centaine d’entretiens, netnographie des comptes Facebook) et des équipes web de campagne (observation participante).
Cet ouvrage propose ainsi d’entrer dans les coulisses stratégiques d’une campagne électorale en ligne pour mieux saisir ce que le numérique fait au politique.
Préface. Faire du vieux avec du neuf ?
Introduction – la web politique, un objet d'étude récent
Chapitre 1 – Du recrutement aux reconversions des « web-stratèges » : entre logique militante et professionnalisation
A. Principes de recrutement au PS et à l’UMP : entre compétence technique et engagement politique
1. Un recrutement au long cours : dynamiques de construction du leadership
2. Un recrutement hors des réseaux partisans pour les « petites mains » ?
B. Des attributs communs : jeunes, masculins, diplômés en science politique
1. Le web : une fenêtre d’opportunité pour les jeunes, leur garantissant plus de responsabilités
2. Un « vivier » masculin : un rapport de genre nié
3. Une formation commune
C. Quelles trajectoires politiques pour les équipes numériques de campagne ?
1. L’après-campagne : une lutte entre les « gagnants »
2. Reconversions des aptitudes militantes dans le domaine professionnel
Conclusion
Chapitre 2 – Dans les coulisses des équipes numériques de campagne : vers un modèle entrepreneurial
A. Des équipes plurielles et élargies
1. Un « noyau dur » uni à l’UMP et éclaté au PS
2. Élargir le « noyau dur »
B. Un management inscrit dans des cultures partisanes
1. Des équipes web socialistes divisées, un management pluriel
2. À l’UMP, une conception du web tournée vers le marketing au cœur de l’organisation numérique
Conclusion
Chapitre 3 – Des usages des réseaux sociaux inscrits dans des cultures partisanes
A. Twitter socialiste versus Facebook « populaire »
1. Des conceptions opposées des réseaux sociaux au PS et à l’UMP
2. Approche marketing à l’UMP versus communautaire au PS
3. Sonder l’opinion avec les réseaux sociaux
B. Échec des réseaux sociaux partisans : des dispositifs non adaptés aux cultures partisanes
1. Les Créateurs de possibles : une plateforme sans public
2. La Coopol : entre culture du débat et encadrement de la parole en ligne
Conclusion
Chapitre 4 – Mettre en scène médiatiquement l’usage du numérique pour paraître « moderne »
A. Quand les professionnels du numérique « racontent une histoire » aux journalistes
1. Mettre en scène la campagne en ligne : le cas des riposte-parties
2. La webradio de F. Hollande : orienter le cadrage médiatique
3. Un cadrage médiatique pas toujours maîtrisé : le cas de la Timeline de N. Sarkozy
B. Des équipes numériques dénigrées en interne, tentant de construire par elles-mêmes leur légitimité
1. Le volet numérique dévalorisé dans la communication globale
2. Des propriétés « cachées »
Conclusion
Chapitre 5 – Rationaliser les campagnes électorales : data et flottement des frontières partisanes
A. Les data : « nouveau » trésor des partis politiques ?
1. Stratégies différenciées dans la constitution de base de données au PS et à l’UMP
2. Aux prémices en France de l’usage des bases de données
B. Organiser le terrain en ligne : un porte-à-porte ciblé et « modernisé »
1. Le projet : faire faire du porte-à-porte aux non-adhérents et cibler les portes à frapper
2. Rompre avec les pratiques « traditionnelles » : une recherche de performativité et d’efficience
3. Des habitudes partisanes qui résistent au porte-à-porte « à l’américaine »
Conclusion
Chapitre 6 – Qui milite sur Internet ?
Esquisse du profil sociologique du « cyber-militant » et résistances à l’activisme en ligne
A. Analyse comparée du profil du cyber-militant à l’UMP et au PS
1. Un cyber-militant masculin
2. Un cyber-militant jeune
3. Un cyber-militant surdiplômé
4. Un cyber-militant appartenant aux catégories socioprofessionnelles supérieures
5. Une catégorie « fantôme » ?
B. Carrières des cyber-militants
1. L’« entrée » dans le militantisme partisan
2. Entre l’exit et la carrière politique
C. Des adhérents-résistants à l’activisme en ligne
1. Travailler les représentations des « bonnes » pratiques militantes
2. Déconstruire les oppositions normées entre militantisme en ligne et militantisme hors ligne
Conclusion
Conclusion générale
Épilogue – Pistes de recherche
Références citées
Table des sigles
Glossaire
Remerciements