L'auteur des célèbres Chroniques de Narnia, ami de Tolkien, était-il misogyne ? Partant de cette question, ce livre explore la façon dont C. S. Lewis envisageait le masculin / féminin. Au premier abord, sa vision, inspirée des Anciens, semble très traditionnelle, hiérarchique et essentialiste. Toutefois, l’étude attentive de l’ensemble des écrits de Lewis révèle un auteur moins conservateur qu’il y paraît. En effet, son attachement au message résolument subversif du christianisme lui permit de concevoir le dépassement des valeurs traditionnelles d’une façon surprenante pour un homme de son milieu et de sa génération.
Dans les grandes religions monothéistes, de tendance patriarcale, les femmes se trouvent souvent reléguées au second rang. Historiquement, le christianisme a plutôt permis d’améliorer la position sociale de la femme, mais il a aussi contribué à en donner une image défavorable, celle d’une tentatrice, ou celle d’un être faible physiquement et moralement, plus prompt à se laisser séduire par le mal que l’homme. Rares sont les penseurs et théologiens chrétiens qui, au cours des siècles, ont cherché à réhabiliter la femme et ceux-là sont souvent tombés dans le piège inverse, consistant à l’idéaliser, qui ne lui permet pas davantage d’être elle-même. Il semble que ce soit une des grandes originalités de C. S. Lewis d’avoir su donner une place essentielle et valorisante au « féminin » dans le christianisme, car il est pour lui la voie qui mène à Dieu.