Le projet des journées d'études sur la pensée et la littérature des Lumières avait été formé dès 1967 à la Faculté des Lettres de Lille, par un petit groupe de chercheurs et d'enseignants et sous l'impulsion du professeur Louis Trénard. Cette entreprise avait rapidement intéressé des collègues français et étrangers, ainsi que plusieurs responsables de la Société des Etudes du XVIIIe siècle. La grande mutation de l'Université est alors intervenue et a mis en veilleuse la préparation de ce colloque. En 1971, le projet renaissait dans l'Université de Lille III et l'on concevait alors la nécessité d'une réunion interdisciplinaire préparée par une équipe diversifiée d'historiens, de philosophes, de sociologues et de spécialistes des différentes littératures européennes. Ce comité se réunit alors et s'efforça de formuler un programme précis. En un tel domaine, en effet, il semblait dangereux d'accueillir toute problématique susceptible de se présenter. Par ailleurs, les préoccupations en cours inspiraient un thème; il suffisait que la formulation du titre autorisât, sur ce thème, un éventail de recherches et surtout d'options philosophiques et critiques. Telles furent les raisons qui firent adopter l'orientation générale qui donne son titre à ce recueil: "Modèles et moyens de la réflexion politique". Pareil programme nécessitait encore certaines réserves. Il fut entendu que les doctrines n'auraient pas ici à être exposées mais plus spécialement les divers discours, les diverses formes d'action qui, dans la société, en avait favorisé la formation, hâté la divulgation, servant, en quelque sorte, de prolégomènes à la Révolution fançaise. On ne prétendra pas que l'éventail des thèmes fût exhaustif. Du moins voulut-on mettre en valeur, d'une part les mythes et les formes littéraires qui préparaient les grandes modifications de la pensée (voyages, utopies, allégories diverses), d'autre part les actvités sociales qui offraient un lieu d'élection à ce mouvement (presse, édition, sociétés de pensée, éducation). Ce panorama sommaire conduisit à un répartition du travail en trois journées, dont la présente édition reproduit l'économie.