Que signifie la vogue récente de l'ethnicité comme mode d'identification, comme concept récurrent dans le discours sur la société, voire comme thème de revendication politique? On a tenté ici, à partir d'exemples ayant trait aux Etats-Unis et au Canada, de s'interroger sur les modalités diverses -dans le temps et dans l'espace- des relations entre groupes ethniques (Indiens, Chinois, Cajuns, Italiens) et société d'accueil, et sur les rapports de ces groupes à diverses formes de pouvoir (la loi, les médias, les syndicats). Pratiques ethniques donc, mais aussi discours car la littérature, le jazz, les "murals" des Mexicains-Américains, l'humour sont autant de langages où s'inscrit l'empreinte d'une identité qui refuse de se laisser absorber par la culture dominante. Le "renouveau ethnique" des années soixante-dix n'est-il que l'une des phases de ce processus permanent de redéfinition de l'identité nationale auquel semblent vouées les sociétés nées de l'immigration? L'ethnicité elle-même, concept pour le moins problématique, ne serait-elle qu'une "fiction efficace"? La question reste ouverte...