Bien souvent dans la vision médiévale le monde des morts mérite à peine le nom d'Au-delà que nous lui donnons habituellement, tant sont perméables les frontières qui le séparent des vivants.C'est autour de cette évidence que sont ici rassemblées dix-huit articles qui nous offrent chacun à sa manière une transfiguration du temps, dans tous les sens de cette expression. En voici quelques exemples : le cadavre qui saigne en présence de son meurtrier fait entendre la Voix du sang ; sur le châtiment des parricides condamnés à l'errance perpétuelle flotte le syndrome de Caïn ; au fond des historiettes de Thomas de Cantimpré gît ce grand secret que tout a un sens, mais combien cette lumière est équivoque ! Dans les
Regrets de la comtesse d'Alençon (+ 1292) la mourante triomphe de l'angoisse en lançant son cri : « Avec vous, Sire, droit comme ligne ! » Etc., etc.Et l'on aboutit ainsi à la conclusion d'Aaron J. Gourevich dans son livre
L'image du monde chez l'homme médiéval (1980) (De cette manière) « la vie perd son caractère hasardeux et passager. Elle est insérée dans l'éternité et obtient par là un sens plus élevé... Le passé et l'avenir ont une valeur plus grande que le présent, ce temps éphémère ! ».
Henri Platelle, né en 1921, Nomain, Nord. Professeur honoraire à l'Université catholique de Lille (1949-1987), ancien professeur à l'Institut catholique de Paris (1973-1985). Membre de l'Académie royale de Belgique, à titre d'associé étranger (1990). Ancien président de la commission historique du Nord (1973-1995), ancien président de la Fédération des sociétés savantes du Nord de la France (1981-2000).