En mars 1918, les troupes allemandes se lancent à l'assaut des tranchées françaises et britanniques et réalisent en quelques heures ce qui semblait depuis quatre ans impossible : la grande percée. Huit mois plus tard, l'Allemagne est épuisée et défaite militairement : elle signe un armistice qui marque la fin d'un conflit meurtrier dont l'issue venait de se jouer sur le sol de France. Conflit mondial, la guerre avait aussi, et peut-être avant tout, été franco-allemande.
L'angoisse de la mort faisait désormais place au soulagement mais la fin des hostilités ne devait par marquer la fin de l’hostilité. Du côté du vainqueur comme du vaincu, le ressentiment dominait et le traité de paix signé à Versailles le 28 juin 1919 ne devait pas apaiser les esprits. De fait, la présence militaire française sur la rive gauche du Rhin, en Sarre ou dans la Ruhr ou encore la campagne de haine raciste contre les troupes coloniales françaises en Allemagne furent les traductions les plus visibles de cette sortie de guerre marquée par un profond malaise. Pourtant, les relations entre les deux pays ne se résumèrent pas à cette inimitié héritée de la Grande Guerre et renforcée par l’exécution difficile du traité de Versailles. Les transferts culturels, les tentatives de rapprochement intellectuels, les efforts de Briand et Stresemann marquent aussi la période.
Fondé sur une recherche en plein renouvellement, ce livre propose une lecture véritablement transnationale de cette « sortie de guerre franco-allemande » et lui restitue, avec une grande clarté, toute sa complexité.