À en juger par sa réception dès l'Antiquité, la nature de l’œuvre d’Horace qu’on a nommée Art poétique ne semble pas devoir être mise en question. On tient là le pendant latin de la Poétique d’Aristote, c’est-à-dire un bréviaire technique transposant dans la Rome augustéenne les vues aristotéliciennes, sans doute enrichies d’apports alexandrins, en matière de théorie littéraire.
Toutefois, un examen attentif des particularités énonciatives et stylistiques du texte invite à réviser ce jugement séculaire. Mobilisant la langue instable du sermo, l’œuvre prend les traits d’une épître adressée à des destinataires précis, les Pisons, dont le statut textuel est ici revalorisé.
La démarche de renouvellement interprétatif peut même aller plus loin si l’on considère la pluralité des images poétiques qui jalonnent le texte ; ce dernier, affranchi de sa dimension strictement théorique et rendu à sa singularité, apparaît alors comme un poème, au sens fort, sur l’art de la poésie.
Introduction
I. La réception du texte
II. La question du titre
III. Le problème de la datation
IV. De l'Art poétique à l’Épître aux Pisons : la remise en cause d’un statut
PREMIÈRE PARTIE :
L’ARS POETICA CONFRONTÉE AUX TRAITÉS ANTIQUES
Chapitre I : La conception du traité dans l’Antiquité
I. Quelques réflexions sur la notion de τέχνη
II. Les caractéristiques du traité antique
Chapitre II : L’Ars poetica et les artes rhetoricae
I. Proximité de la poésie et de la rhétorique dans l’Antiquité
II. L’influence de la théorie rhétorique sur l’Ars poetica
III. L’Ars poetica à l’épreuve du schéma structurel des traités de rhétorique antiques
IV. Eduard Norden et l’interprétation isagogique
Chapitre III : L’Ars poetica et les traités de poétique grecs
I. La détermination des liens de l’Ars poetica et de la Poétique d’Aristote : proximité et distance
II. Deux sources connexes : Néoptolème de Parion et Philodème de Gadara
Conclusion de la partie : pour une caractérisation du rapport de l’Ars poetica avec le matériel théorique des traités antiques
1) Le spectre de la théorie dans l’Ars poetica
2) Des lacunes
3) L’Ars poetica possède-t-elle un système ?
DEUXIÈME PARTIE :
LE CARACTÈRE ÉPISTOLAIRE DU TEXTE
Chapitre IV : Conception et histoire de l’épître dans l’Antiquité
I. Principes définitionnels de l’épître
II. Forme et formules épistolaires
III. Développement et fonctions de l’épître en Grèce et à Rome
Chapitre V : L’Épître aux Pisons et le genre épistolaire : le point de vue de la structure
I. L’Épître aux Pisons satisfait-elle aux prérequis de l’écriture épistolaire ?
II. Le langage et l’esthétique du sermo dans l’Épître aux Pisons
Chapitre VI : Un texte circonstancié
I. L’Épître aux Pisons et la conjoncture idéologique et littéraire romaine
II. Les Pisons, des destinataires à l’identité indécise
III. La place textuelle des destinataires et leur influence sur le discours horatien
Conclusion de la partie
TROISIÈME PARTIE :
L’ÉPÎTRE AUX PISONS, UN POÈME SUR L’ART DE LA POÉSIE
Chapitre VII : L’animation des concepts
I. Le théorique et l’humain
II. Un traitement singulier de la tragédie
III. Le cas particulier du drame satyrique
Chapitre VIII : Jeux poétiques dans l’Épître aux Pisons
I. L’œuvre d’un poète
II. La coloration satirique de l’œuvre
Conclusion générale
Bibliographie
Index
Remerciements