Le XVIIIe siècle, s'il fut dur pour les femmes, leur offrit aussi, plus qu'un autre, des possibilités d'expression. Anti-conformistes, les mondaines tenaient salon et, comme Lady Mary Wortley Montagu, affrontaient les plus grands esprits de leur temps. Plus timorées mais tout aussi décidées à se cultiver, les bourgeoises s'unirent (les Bas-Bleus) ou bien, par des efforts isolés, firent oeuvre de pionnières dans plusieurs disciplines, telle l'historienne Catherine Macaulay ou Elizabeth Carter, la traductrice d'Epictète. Les actrices avaient toujours connu l'indépendance mais les femmes-auteurs dramatiques étaient encore une rareté. Elizabeth Inchbald, pourtant, ne se contenta point de ce rôle. Cette femme d'esprit, brillante, fière et solitaire, fut admirée par Godwin, Holcroft, Sheridan, Byron, Mme de Staël et bien d'autres. Elle dénonça avec une calme lucidité l'asservissement de ses soeurs et exprima les revendications d'un féminisme éclairé: le droit de la femme à l'instruction, la libre disposition de son salaire, sa dignité en dehors et au sein du mariage, ainsi qu'une solide camaraderie entre les sexes.