Saisir l'évolution d’une époque ou d’un moment de crise, non plus par les événements qui la jalonnent ou les personnalités qui la dominent, mais par des notions ou concepts sensibles qui font figure de « marqueurs » de changement d’époque : tel est le projet à l’origine du présent ouvrage.
Les termes 'Kraft’ (force) et ‘Energie’ (énergie) ont connu en Allemagne autour de 1800 une fortune sans précédent, présenté une grande variété de formes et fait l’objet d’un transfert depuis les sciences dites « dures » vers un vaste champ métaphorique s’étendant à de nombreux domaines tels que l’histoire, la politique, la philosophie de l’histoire, la littérature ou les Beaux-arts.
Marqueurs de modernité, ces mots deviennent les mots-repères de toute une génération, révèlent une crise identitaire allemande et métaphorisent le moteur d’une évolution.
Introduction
Première partie
Réflexions préliminaires sur les mots « Kraft » et « Energie »
Chapitre 1
De « vieux » mots des langues européennes
1 / Origines métaphysiques et physiques de la force
2 / Leibniz, Newton, Euler
3 / « La difficile élaboration » de la notion de force
4 / Un peu de lexicologie historique
Chapitre 2
Expansion lexicale et sémantique des mots « Kraft » et « Energie » à partir de 1750
1 / Symboles et images de force et d'énergie
2 / « Kraft » et ses redoublements sémantiques
3 / « Kraft » et ses antonymes
4 / Une seconde trame lexico-sémantique
Chapitre 3
Existe-t-il une spécificité allemande des idées de force et d'énergie ?
1 / L’influence de la dynamique verbale du piétisme
2 / L’énergie du Sturm und Drang
3 / Une « nation » fragmentée qui manque d’énergie
4 / « Force et Vigeur » dans les écrits de Frédéric II, roi de Prusse (1740-1786)
Chapitre 4
L’énergie du cœur dans Les Souffrances du jeune Werther
Deuxième partie
Le « désir » de science des Allemands autour de 1800 : la dynamisation du savoir
Chapitre 1
Les « sciences » en Allemagne dans le dernier tiers du XVIIIe siècle
1 / Les avancées scientifiques et la question identitaire allemande
2 / Journaux scientifiques, revues spécialisées et institutions savantes
3 / L’exigence de scientificité à la lumière de l’Introduction à l’art vétérinaire de Johann Christian Polycarp Erxleben (1744-1777) et de la correspondance entre Johann Wolfgang Goethe et Friedrich Schiller
4 / L’historiographie nationale au service de l’identité allemande
Chapitre 2
Johann Christian Polycarp Erxleben (1744-1777) :
Le mouvement au cœur des réflexions scientifiques
1 / La naissance de l’esprit de recherche
2 / Considérations sur les forces, les corps et la matière
Chapitre 3
La notion de force en biologie et embryologie :Johann Friedrich Blumenbach (1742-1840) et le « Bildungstrieb » (nisus formativus)
1 / Le dynamisme d’un savant, la dynamique d’une université
2 / L’existence d’une force régénératrice
3 / Les sciences naturelles comme modèle de pensée
Chapitre 4
L’idée de force dans l’œuvre de Johann Gottfried Herder (1744-1803)
1 / D’un savoir ossifié à une recherche vivante : Journal de mon voyage en l’an 1769
2 / Une force vitale, moteur de l’humanité : les Idées pour une philosophie de l’histoire de l’humanité
3 / Une approche génétique de l’évolution de la langue : le Traité sur l’origine du langage
Chapitre 5
Changement de paradigme dans l’historiographie allemande
1 / Les origines philosophiques du renouveau de l’historiographie allemande
2 / De la « chaoshérence » des annales à la cohérence herméneutique de l’histoire
3 / La fin de la supériorité de la poésie sur l’histoire
4 / Le nouveau traitement de l’histoire universelle
5 / La dynamisation de l’écriture historique
Troisième partie
L’idée d’énergie en littérature
Chapitre 1
« Dynamique imitative » et identité allemande de transition
1 / Les débats sur l’épigonalité et l’originalité autour de 1800
2 / Johann Gottfried Herder et la rénovation des modèles étrangers dans un sens national
3 / Le roi de Prusse et la question de l’imitation dynamique
4 / Références anglaises et fronde anti-française
5 / La recherche des génies nationaux
Chapitre 2
Le génie comme énergie
1/ Les controverses relatives au génie à partir de 1750 : Sulzer, Lessing, Gerstenberg
2 / Considérations anthropologiques sur le génie : Lavater, Herder, Schiller
Chapitre 3
La notion de force dans Faust I de Goethe
Du « Kraftgenie » au « Tatmensch »
Conclusion
Références bibliographiques
Index