Gerda Zeltner

Gerda Zeltner (1915-2012), figure éminente de la romanistique suisse, a consacré sa longue vie à la littérature française. Elle a fait ses études de littérature française à l'université de Zurich où elle a soutenu en 1941 sa thèse de doctorat sur Corneille sous la direction de Theophil Spoerri. Entre 1942 et 1951 elle a été rédactrice de la revue Trivium, éditée par Spoerri et Emil Staiger. Dès 1958 elle travaille comme critique littéraire, publiant surtout dans le quotidien Neue Zürcher Zeitung. C’est à partir des années soixante et jusqu’à la fin de sa vie qu’avec ses articles sur les auteurs français contemporains elle est devenue l’une des principales médiatrices entre ces auteurs et leur public germanophone. Zeltner avait l’habitude d’écrire un premier compte rendu d’un nouveau roman de Simon lors de sa sortie en France et de lui consacrer un autre compte rendu quand paraissait la traduction allemande. Mais c’est surtout avec sa série de livres sur les auteurs du nouveau roman qu’elle a stimulé une recherche académique et universitaire sur laquelle elle était bien en avance. Son livre Das Wagnis des französischen Gegenwartsromans (L’entreprise téméraire du roman français contemporain) a paru en 1960, suivi de Die eigenmächtige Sprache. Zur Poetik des Nouveau Roman (La puissance propre du langage. De la poétique du nouveau roman) en 1965, Das Ich und die Dinge (Le moi et les choses, sur Céline, Ponge et Robbe-Grillet) en 1968 et Im Augenblick der Gegenwart. Moderne Formen des französischen Romans (Dans le moment présent. Formes modernes du roman français, 1974). Cette série se clôt par un livre dédié aux auteurs suisses contemporains (entre autres Gerhard Meier) qu’elle voit dans la lignée du nouveau roman (Das Ich ohne Gewähr. Gegenwartsautoren aus der Schweiz, 1980). Avec ces livres, Zeltner a participé aux débats suscités par le nouveau roman dans le monde germanophone, mais au lieu de se laisser dérouter par les polémiques superficielles, elle a proposé des analyses perspicaces du « roman chosiste » et des procédés linguistiques du nouveau roman, consciente de l’histoire littéraire dont le nouveau roman était issu, Mallarmé, Faulkner et Proust par exemple, mais aussi des théories structuralistes qu’il inspirait. Pour montrer la richesse de ses analyses, nous reprenons ici ses deux comptes rendus sur La route des Flandres et Le palace (Neue Zürcher Zeitung, 12 novembre 1960 et 30 juin 1962), le chapitre sur Simon extrait de Die eigenmächtige Sprache (Olten/Fribourg, Walter, 1965, p. 35-52) ainsi qu’un article sur le « roman structuraliste » de Simon qui trace l’évolution des romans simoniens du Tricheur à La bataille de Pharsale en insistant sur son idée maîtresse, l’autonomie du langage, avec par exemple l’analyse de l’anagramme « Pharsale » / « la phrase » (« Ein strukturalistischer Roman. Weg und Methode Claude Simons », in : Neue Rundschau, 83, 1972, p. 715-721).

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Titres avec la participation de Gerda Zeltner