Il y a profit à relire Léon Bourgeois à un moment où une nouvelle question sociale nous invite à nous interroger sur ce qui fait lien dans notre société. La publication de Solidarité en 1896 est le fait d'un républicain qui a acquis une position politique et associative de premier plan. Son ouvrage le révèle aussi comme un théoricien influant. La question que cherche à résoudre Léon Bourgeois n'est pas nouvelle mais elle est décisive dans la conjoncture de son époque : qu'est-ce qui peut conduire des hommes devenus libres politiquement mais, pour un grand nombre d'entre eux, en quasi-assujettissement économique, à vivre en société et à se conformer à des règles communes ? Léon Bourgeois entend apporter une réponse théorique mais aussi pratique, qui échappe aux illusions idéalistes et « aux combinaisons mentales imposées par la tradition et l'autorité ». Pour ce faire, il recourt, tout à la fois, à la science et à la morale. Tout en étant tributaire du positivisme, de l'organicisme et de l'évolutionnisme ambiant de son époque, Léon Bourgeois formule une théorie sociale capable d'associer, et non pas d'opposer, une conception organique et une conception contractuelle de la société. Il invite ses contemporains à se considérer, certes comme des citoyens détenteurs d'une souveraineté politique, mais surtout comme des « associés » solidaires.
Léon Bourgeois (1851-1925). Homme politique, militant associatif et théoricien français. Il est l'une de ces fortes personnalités qui a construit la 3e République. Il lui a donné une base doctrinale, le « solidarisme » à partir de laquelle a pu se développer, en France, une législation productrice de cohésion sociale.
Introduction : ce que parler pour autrui veut dire – Samuel Hayat, Nicolas Kaciaf, Cédric Passard
Première partie. Généalogie du porte-parolat
Chapitre 1. Spectacle des puissants et parole du peuple : le messager de la tragédie grecque – Noémie Villacèque
Chapitre 2. Michel Foucault et l'avènement du porte-parolat – Jacques Guilhaumou
Chapitre 3. Porte-paroles autoproclamés de la paysannerie au XIXe siècle : radiographie d’un échec – Chloé Gaboriaux
Chapitre 4. Porte-paroles ouvriers et construction de la classe ouvrière autour de la révolution de 1848 – Samuel Hayat
Deuxième partie. Le porte-parole institutionnel
Chapitre 5. Porte-parolat(s) institutionnel(s) : locuteurs autorisés et compétence discursive – Claire Oger
Chapitre 6. Trois bureaucraties pour une politique. Porte-parolat et mise en représentation de « l’Europe » dans ses années de fondation (1952-1967) – Philippe Aldrin, Nicolas Hubé
Chapitre 7. Porte-parole du gouvernement : un rôle impossible ? – Christian Le Bart
Chapitre 8. Le porte-parolat à l’heure de Twitter : vers un contournement de la parole institutionnelle ? – Julien Boyadjian
Troisième partie. Le porte-parole dans les groupes d’intérêt et les mouvements sociaux
Chapitre 9. Les porte-paroles dans leur milieu naturel : le débat public – Philippe Juhem
Chapitre 10. Le porte-parolat des groupes d’intérêt : un duo et une interaction – Guillaume Courty
Chapitre 11. Porter la parole patronale au niveau mondial : la voix sourde de l’Organisation internationale des employeurs – Marieke Louis
Chapitre 12. Des « paroles précaires » ? Porter la parole dans les mouvements sociaux de jeunes précaires des années 2000 – Adrien Mazières-Vaysse
Chapitre 13. Emma Goldman : la parole pour elle-même ? – Alice Béja
Contrepoint. Défétichiser le politique – Jean-Philippe Heurtin
Conclusion. Comment parler du porte-parolat ? – Nicolas Bué
Postface. Les gilets jaunes et les « leçons de l’histoire » – Gérard Noiriel
Présentation des auteurs