La littérature et les arts soviétiques ont joué un rôle non négligeable, mais souvent négligé, dans la définition du rapport à l'étranger : celui qui vit en dehors des frontières (le capitaliste occidental, « bourgeois »), mais aussi l’étranger de l’intérieur, l’ennemi de classe qui doit s’assimiler ou émigrer. C’est pourquoi la question du rejet ou de l’assimilation de l’héritage esthétique russe pré-révolutionnaire et de l’art occidental est au cœur de la politique culturelle qui se met en place pour bâtir des valeurs qui se veulent spécifiquement soviétiques.
Réalisées pour la plupart à partir de documents premiers et par des spécialistes en littérature, arts du spectacle, cinéma, architecture, arts plastiques, musicologie, sociologie des arts, histoire culturelle, les études ici réunies sont centrées sur l’URSS des années 1920-1960.
Elles permettent d’appréhender les stratégies individuelles et collectives, les modes d’intégration et les formes de résistance à la culture étrangère. Par le biais de la propagande, de la traduction, de la diffusion d’images et d’imaginaires, dans le cadre de festivals, d’expositions, de voyages, d’invitations, la culture soviétique cherche à s’imposer, sur son territoire multinational et dans le monde, comme nouvelle, si ce n’est novatrice, héritière mais aussi pionnière, tout en étant soumise à de stricts et fluctuants contrôles. Car les critères idéologiques resteront déterminants dans les choix esthétiques, toute importation ou exportation comportant un risque de contamination.
Introduction : ce que parler pour autrui veut dire – Samuel Hayat, Nicolas Kaciaf, Cédric Passard
Première partie. Généalogie du porte-parolat
Chapitre 1. Spectacle des puissants et parole du peuple : le messager de la tragédie grecque – Noémie Villacèque
Chapitre 2. Michel Foucault et l'avènement du porte-parolat – Jacques Guilhaumou
Chapitre 3. Porte-paroles autoproclamés de la paysannerie au XIXe siècle : radiographie d’un échec – Chloé Gaboriaux
Chapitre 4. Porte-paroles ouvriers et construction de la classe ouvrière autour de la révolution de 1848 – Samuel Hayat
Deuxième partie. Le porte-parole institutionnel
Chapitre 5. Porte-parolat(s) institutionnel(s) : locuteurs autorisés et compétence discursive – Claire Oger
Chapitre 6. Trois bureaucraties pour une politique. Porte-parolat et mise en représentation de « l’Europe » dans ses années de fondation (1952-1967) – Philippe Aldrin, Nicolas Hubé
Chapitre 7. Porte-parole du gouvernement : un rôle impossible ? – Christian Le Bart
Chapitre 8. Le porte-parolat à l’heure de Twitter : vers un contournement de la parole institutionnelle ? – Julien Boyadjian
Troisième partie. Le porte-parole dans les groupes d’intérêt et les mouvements sociaux
Chapitre 9. Les porte-paroles dans leur milieu naturel : le débat public – Philippe Juhem
Chapitre 10. Le porte-parolat des groupes d’intérêt : un duo et une interaction – Guillaume Courty
Chapitre 11. Porter la parole patronale au niveau mondial : la voix sourde de l’Organisation internationale des employeurs – Marieke Louis
Chapitre 12. Des « paroles précaires » ? Porter la parole dans les mouvements sociaux de jeunes précaires des années 2000 – Adrien Mazières-Vaysse
Chapitre 13. Emma Goldman : la parole pour elle-même ? – Alice Béja
Contrepoint. Défétichiser le politique – Jean-Philippe Heurtin
Conclusion. Comment parler du porte-parolat ? – Nicolas Bué
Postface. Les gilets jaunes et les « leçons de l’histoire » – Gérard Noiriel
Présentation des auteurs