Le « roi coton » joue sans conteste un rôle majeur lors de la première Révolution industrielle. Et dans le Nord de la France, nombreux ont été ceux qui, un siècle et demi durant, ont entrepris de filer, de tisser ou d'imprimer des toiles. Dans ce territoire frontalier de longue tradition textile, le travail de la fibre se greffe là où régnaient en maîtres la laine et le lin.
Partant d’une analyse fine de l’attente des consommateurs, Mohamed Kasdi montre comment cette activité s’immisce très tôt dans le travail manufacturier, tant à la ville qu’à la campagne. Produits innovants, changements technologiques, prise de risques financiers, conquête des marchés : dans une économie régionale qui, au fil du XVIIIe siècle, s’essouffle progressivement, le coton impulse une dynamique renouvelée.
Quand surviennent les bouleversements révolutionnaires, ni le dérèglement des circuits commerciaux ni les incertitudes du lendemain ne constituent des freins. Au contraire : nombreux sont ceux qui, fort possessionnés ou gens de peu, prennent des initiatives permettant toutes, à des échelles diverses, de moderniser l’appareil productif. L’Empire, quant à lui, confirme ce qui était en gestation tout en passant au tamis de la conjoncture le bon grain et l’ivraie. Dès lors, seuls, ou presque, survivent ceux qui disposent d’assises solides.
Au cours des premières décennies du XIXe siècle, mécanisation et concentration de la main-d’œuvre achèvent la mue du secteur. De grandes dynasties du négoce régional font alors du coton le fer de lance de leur prospérité, modifiant durablement la carte productive : sortant de l’ombre portée de Lille, Roubaix et Tourcoing prennent leur essor en faisant du coton un produit phare.
Remerciements
Introduction
Chapitre 1 : L'élargissement continu de la demande (1700-1830)
Une consommation populaire limitée mais changeante
Dépenses nobiliaires et renouvellement vestimentaire
L’accumulation des produits textiles dans les inventaires
Le coton dans les inventaires
De la rareté à l’omniprésence : les étapes de la diffusion du coton
Une matière qui se dévoile sous des formes de plus en plus variées
Chapitre 2 : L’apparition des « toiles mélangées » (1700-1760)
Le mercantilisme à l’épreuve du développement de l’industrie cotonnière
L’influence du commerce des toiles de coton sur la région
La fabrication des toiles de coton sur le territoire national
Le développement de l’industrie cotonnière dans la région
Chapitre 3 : L’essor des cotonnades (1760-1790)
Essor et diffusion des productions déjà existantes
La production de nouvelles toiles
Les activités d’amont
La filature de coton dans la deuxième moitié du siècle
Chapitre 4 : Les promoteurs de cette greffe industrielle (1700-1790)
Le cadre traditionnel : corporations et plat pays
Le transfert des hommes et des techniques
Les indienneries
Chapitre 5 : Tout un éventail de produits nouveaux (1790-1830)
La fin de l’Ancien Régime : un tournant pour l’industrie textile
Du nankin aux « articles de Roubaix » : des fabricants innovants
L’évolution de l’indiennage dans le département 1790-1830
L’essor de la fabrique des calicots
Le développement de l’industrie du tulle
Chapitre 6 : La mécanisation de la filature (1790-1820)
La première mécanisation de la filature
La mécanisation générale de la filature
Les phases de l’essor de la filature de coton
Chapitre 7 : Le foisonnement des initiatives entrepreneuriales (1790-1830)
Fabricants et fabriques de coton à la petite mécanique
Entreprendre au temps de la grande mécanique
Le financement des entreprises : des exigences nouvelles
Entreprendre : une aventure individuelle ?
Inscrire l’entreprise dans la durée
Conclusion
Sources et bibliographie
Table des cartes, tableaux, graphique et illustrations