Ecrire Baudelaire avec un e au commencement, c'est une faut. Le faire exprès, comme on met des moustache à la Joconde, c'est un acte. Mais alors, quel est le sens de cet acte ? Goût de l'outrage, geste de dérision, désinvolture ? Pas même cela, j'en ai bien peur. Mais la ruse seulement, l'un des myenx que ce livre s'est trouvé pour se rendre l'auteur des Fleurs du Mal un peu moins familier. Rien de plus ennuyeux, après tout, que les vieilles connaissances, ces écrivains à l'enchantement desquels (ayant trop pris l'habitude d'y céder) nous avons perdu jusqu'au pouvoir de nous étonner.La petite violence dont on a usé à l'égard de celui-ci vaut évidemment pour les autres; pour toutes celles que ce livre commet, de surcroît, à l'encontre de Verne, de Flaubert ou de Laforgue. Violences diverses sans doute, mais tout aussi exemplaires. Car là encore, il ne s'agissait pas de recréer les conditions d'un étonnement: de faire, en somme, qu'aujourd'hui on puisse aller à la littérature comme, enfant, on allait autrefois au théâtre d'ombres.Rappelons-nous, en effet. Curieux de ce qu'il voyait, le bambin cependant répugnait à y mettre un nom, une forme ou un visage. D'abord, il hésitait. Mais pour se rendre bientôt, trop empressé à la fin de céder aux suscitations des inquiétantes silhouettes. Jusqu'à l'obscurité qui, au trouble du moment, ajoutait une sorte de confortable...