Place forte de la pêche du hareng jusqu'en 1670, le port hollandais d'Enkhuizen connaît une restructuration économique profonde tout au long du XVIIIe siècle. L'effondrement démographique est spectaculaire, puisque la ville perd deux tiers de ses habitants entre 1622 et 1795.
Connu depuis longtemps, le "déclin" d'Enkhuizen n'avait jamais fait l'objet d'une enquête sur son contenu et ses implications. L'ouvrage met en lumière un certain nombre de phénomènes comme l'émergence d'une société de l'entre soi ou la contraction de l'espace urbain utile. Repliée sur elle-même, la ville se déleste de ses pauvres tandis que le patriciat s'enrichit grâce au commerce asiatique. Cette société urbaine bouleversée se réinvente par le biais d'une mémoire civique commune, destinée à combattre le sentiment de déclassement. Cependant, les marqueurs identitaires mis en avant sont instrumentalisés par l'oligarchie locale, afin justifier son maintien au pouvoir.
Cette relecture sociale et culturelle du déclin hollandais du XVIIIe siècle constitue une approche nouvelle, pour un objet d'histoire devenu classique. Enkhuizen connait davantage un déclassement et une restructuration, qu'un déclin absolu et irrémédiable. L'enquête, inédite, s'appuie sur le dépouillement approfondi d'archives aux Pays-Bas. Elle vise également, par le biais de la bibliographie, à mettre à la disposition du lecteur français des informations et des concepts jusqu'ici largement inaccessibles aux non-néerlandophones .
Préface
Du bon usage de la culture en temps de crise
Du déclassement au déclin
Première partie – Un déclin économique
Chapitre I – La réorganisation de l'économie urbaine
La dépression du secteur halieutique
Les caractères étonnants de la crise de la pêche du hareng à Enkhuizen
L’accumulation des difficultés économiques
Un grand commerce asiatique florissant
Des habitants plus riches dans une ville en déclin ?
Chapitre II – Perceptions croisées
L’appréhension endogène du déclin
Le débat sur les origines des difficultés
Regards extérieurs sur Enkhuizen
Une ville moins attractive ?
La perception du caractère maritime de la cité
Deuxième partie – Recompositions urbaines
Chapitre III – L’ébranlement d’une communauté d’habitants
Un repli démographique spectaculaire
Une « ville-monde » à l’aune de la crise
Des flux migratoires à la composition bouleversée
Le sort des travailleurs de la mer
Un port sans société maritime ?
Chapitre IV – L’émergence d’une société de l’entre soi
Enkhuizen et l’aristocratisation de ses régents
Le sort des plus fragiles
Les conflits au sein de la communauté d’habitants
La cohabitation confessionnelle au quotidien
Chapitre V – Le remodelage du territoire urbain
Réalités d’une désurbanisation
L’espace socio-économique de la cité
Ségrégations en question
L’Hôtel de ville, centre névralgique de la conscience urbaine
Troisième partie – L’identité en question
Chapitre VI – Le hareng, encore et toujours ?
Une implication édilitaire constante
Défendre les intérêts de la pêche du hareng
Des intérêts croisés et partagés
Le hareng dans l’imaginaire collectif à Enkhuizen au XVIIIe siècle
La perpétuation des cérémonies encadrant la harengaison
L’attachement de la communauté urbaine au hareng
Chapitre VII – Enkhuizen, emblème de la liberté
Le déroulement de la journée du 21 mai 1772
Les espaces symboliques de la fête
L’intérêt du public pour la commémoration
L’implication des magistrats
Communauté urbaine et conscience civique à Enkhuizen au XVIIIe siècle
La floraison littéraire autour de l’événement commémoré
Une histoire reconstruite ?
Chapitre VIII – Enkhuizen, permanence d’un bastion orangiste
Des racines profondes
La crise de 1747-1749 et le gouvernement urbain d’Enkhuizen
Une adhésion unanime à la cause orangiste ?
La position de la ville pendant l’intermède républicain
Une ville imperméable aux déceptions du temps de Guillaume V ?
Du déclin à l’identité
Illustrations
Sources
Bibliographie
Annexes
Index des lieux
Index des personnes
Table des figures
Remerciements