Cet ouvrage s'inscrit dans la série des travaux que le Centre de Recherche Philosophique de l'Université de Lille III consacre à l'étude des cosmologies grecques. Après le système classique d'Empédocle et la réflexion critique d'Epicure à l'époque hellénistique, on s'intéresse ici à un penseur charnière, le dernier représentant de l' "ancienne physique".La notoriété de Diogène d'Apollonie est faible, au-delà du cercle restreint des spécialistes du Ve siècle grec. Ce tard venu n'a pas le renom d'Anaximandre ou d'Empédocle, ni celui de Démocrite, dont il est contemporain. Et pourtant, sa pensée n'est pas seulement l'ultime avatar d'une lignée dont il serait au fond indigne. Elle représente au contraire une forme d'achèvement, offrant une solution possible, dans le cadre du paradigme cosmologique hérité, au problème, laissé ouvert par le système d'Anaxagore, du mode d'action de "l'intellect" (νούς) dans le monde. La pertinence et la spécificité de la démarche, qui induit une doctrine de l'immanence, ressortent clairement quand on la confronte avec la célèbre critique d'Anaxagore menée par Socrate au nom de la téléologie dans le Phédon de Platon, et qui signe l'arrêt de mort de la spéculation présocratique.