L'Europe n’a pas surgi du néant au XXe siècle. Présente dans la pensée politique et les relations internationales depuis le XVIe siècle, elle suscite, entre 1815 et 1870, un foisonnement de projets – une « Europe de papier » – que cet ouvrage ambitionne d’exhumer.
Résultat d’une recherche internationale, les contributions ici regroupées montrent qu’il y a bien eu au XIXe siècle naissance d’un véritable dessein européen, politique et institutionnel, qui souhaitait transcender tout autant les projets de « paix perpétuelle » du siècle des Lumières que les expériences révolutionnaires et impériales.
Œuvre de réformateurs sociaux, de démocrates, de pacifistes, de libéraux, mais aussi de conservateurs ou de catholiques, parfois intransigeants et désireux d’unifier la « chrétienté », cette « Europe de papier » est le reflet d’un XIXe qui n’est pas seulement celui de l’industrialisation ou de l’État-Nation. Comment maintenir la paix ? Comment unir les Européens ? Comment l’élargir vers la Méditerranée ou l’Amérique ? Quelle capitale choisir ? Ces questions alors posées restent débattues. Qualifiés hâtivement d’utopiques, oubliés aujourd’hui, même si les penseurs de l’entre-deux guerres s’y réfèrent souvent, ces projets n’en furent pas moins, derrière un certain nombre de figures tutélaires comme Victor Hugo ou Giuseppe Mazzini, autant de réflexions et de plans, ancrés dans l’ombre portée de l’Empire napoléonien, des expériences nationales, qui participèrent au débat politique de ce siècle. Ils sont toujours d’actualité.