Les histoires littéraires insistent sur les grandes figures et soulignent les attitudes dominantes d'une époque en matière de création artistique. Leurs conclusions sont, sans nul doute, valables. On peut cependant désirer voir moins sommairement traités les auteurs dits "secondaires" car ils sont toujours représentatifs soit du génie propre de la race, soit des préoccupations plus particulières de leur temps. Ainsi l'âge d'or de la poésie classique anglaise recèle-t-il dans l'ombre du grand Pope, au-delà de l'influence française et du culte rigoureux de l'ordre et de la raison, un vaste arrière-plan littéraire où continue de s'épanouir le tempérament essentiellement romantique de ce peuple: sensibilité frémissante, amour de la nature ou plaisir de la mélancolie. De même, le roman ne prend tout son relief que si l'on considère, à côté de ses créateurs, des romanciers dont l'oeuvre est certes inférieure sur le plan esthétique mais qui expriment au moins aussi bien les idées du siècle: Brooke, Holcroft, Godwin, Bage, Elizabeth Inchbald. Au théâtre, Sheridan et Goldsmith rejettent dans un oubli quasi-totale des pièces "à thèse" qui restituent mieux que les leurs (puisqu'ils ont voulu combattre cette tendance) toute une époque, avec son culte du "sentiment" et de ses ardeurs humanitaires. Ces Cahiers du Dix-Huitième Siècle s'attacheront donc à rétablir un plus juste équilibre et à retrouver, derrière l'expression littéraire, l'âme d'une nation. Ils sont le fruit de la collaboration des spécialistes de l'Université de Lille III (Françoise Moreux, Michèle Plaisant, Paul Denizot) et feront également appel à d'autres universitaires français ou étrangers.