Ce numéro de la Revue des Sciences Humaines est consacré aux poisons dans la littérature. On a pour l'essentiel privilégié la littérature française du XIXe et du XXe siècle. Plusieurs études du numéro donnent à penser que, depuis que le « crime de poison » se fait plus rare sur la scène politique, la littérature a hérité de l’ancienne « science des vénéfices ». On songe ici à toutes ces œuvres qui respirent une odeur vénéneuse, des œuvres qui visent même parfois, semble-t-il, à assassiner leur lecteur… D’autres études toutefois, se plaçant sous le signe de Mithridate, montrent comment certains écrivains explorent les domaines du Mal dans le souci d’inventer à mesure une sorte de contrepoison.
Le même mot grec de pharmakos désignait à la fois le poison et le remède. C’est au fond cette ambivalence du poison (« seule la dose fait le poison », selon Paracelse) qui fait l’unité paradoxale de ce recueil.