Ce numéro de la revue de la Fondation se propose d'explorer le monde associatif issu de la Déportation, pour en appréhender le rôle et l'évolution, du lendemain de la Seconde Guerre mondiale à nos jours, et pour en évaluer les perspectives. Les rescapés du système concentrationnaire et génocidaire nazi ont en effet marqué l'histoire et la vie sociale de leur pays un peu partout en Europe. En France, plusieurs d'entre eux se sont distingués que ce soit au sein des gouvernements d'après-guerre, ou dans l'action syndicale, ou encore au sein de l'Assemblée nationale. D'autres ont contribué à l'évolution des règles de droit internationales, que ce soit les droits de l'Homme ou les droits de l'Enfance, notamment.
Il n'était donc pas sans intérêt d'ouvrir un dossier sur le sujet. Les réponses à notre appel n'ont pas épuisé la question tant s'en faut, et elle reste encore largement inexplorée. Néanmoins elles permettent de lever un coin du voile grâce aux contributions reçues de plusieurs historiens ou historiennes : Juliette Constantin d'abord, qui aborde la question des associations en tant qu'objet d'étude ; Philippe Mezzasalma, qui s'est plus particulièrement intéressé aux associations de femmes déportées (ADIR et Amicale de Ravensbrück) ; Philipp Neumann-Thein (directeur adjoint du Mémorial de Buchenwald), qui aborde la question controversée de la libération de ce camp ; Guillaume d'Andlau (directeur du Centre européen du résistant déporté), qui analyse le rôle atypique de l'Amicale du camp de Natzweiler-Struthof dans le contexte particulier d'un lieu de mémoire placé sous la tutelle de l'État ; Jean-Michel André, ancien médecin conseil de la FNDIRP, qui évoque la difficile question de la prise en charge et de l'indemnisation des séquelles de la déportation.
La seconde partie, ouverte aux respondables associatifs actuels, donne un aperçu de la conception que se font, aujourd'hui, plusieurs d'entre eux, du rôle de leurs associations et de leurs instances internationales dans le travail de transmission.
Introduction au dossier
Henning Fauser, Yves Lescure
Première partie
Les associations françaises d'anciens déportés. La construction d'un objet de recherche
Juliette Constantin
La libération par soi-même – mise en place d'un grand récit. Politique de mémoire transnationale d'anciens détenus du KL Buchenwald
Philipp Neumann-Thein. Traduit de l'allemand par Henning Fauser
L’évolution du rôle des amicales françaises dans la transmission de la mémoire autour de l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof
Guillaume D’Andlau
Les associations d’anciennes déportées de répression et la mémoire de la déportation : objets, modes de représentation et enjeux
Philippe Mezzasalma
Action médico-sociale et défense des droits. Expérience à la FNDIRP
Dr Jean-Michel André
Les associations d’anciens déportés : le cas italien
Ugo Pavan Dalla Torre. Traduit de l’italien par Véronique Renucci
Deuxième partie
Les associations ou amicales de camp unies face à leur devenir
Dominique Boueilh
Voyages de mémoire sur les sites concentrationnaires. L’expérience de l’Amicale de Mauthausen
Jean-Louis Roussel
La dimension internationale de l’action des associations de mémoire des camps nazis
Jean-Michel Gaussot
Une approche nouvelle des relations avec le monde éducatif par l’Amicale de Sachsenhausen
Christine Cavaillès, Denis Gandouet
Compte rendu
Adeline Lee, Les Français à Mauthausen. Par-delà la foule de leurs noms
Michel Fabréguet