La société civile est un concept qui a émergé de façon spectaculaire depuis les années 1980. Cette notion plurivoque et pluridimensionnelle a été reprise de manière intensive dans les démocraties occidentales et les organisations supranationales qui se sont appuyées sur les connotations utopiques et émancipatrices du concept pour réenchanter la démocratie. Irriguant un ensemble de champs sociaux et politiques, déployée aussi bien par les gouvernants, les organisations non gouvernementales et les observateurs et commentateurs des évolutions sociales, la thématique de la société civile s'est imposée aujourd'hui comme un « prêt à penser ».
Ce livre propose une mise à distance critique de la notion de « société civile organisée » en interrogeant les pratiques et les usages qui peuvent être reliés à la société civile en Allemagne et en France du début du XIXe siècle jusqu'à la période contemporaine. En mobilisant des analyses empiriques diverses – allant des chambres de commerce aux mouvements altermondialistes en passant par les associations culturelles, cultuelles, économiques ou sportives – ce livre permet de déconstruire les lieux communs et de saisir l’articulation mouvante entre l’État, les groupes sociaux organisés et l’individu dans deux aires politico-culturelles différentes, observées jusque dans leur recoupement et leur éventuelle porosité.