Texte d'une prodigieuse densité, à la réputation de joyau et de forteresse imprenable pour les uns, de chef d'oeuvre d'arbitraire pour les autres, l'Esthétique transcendantale de la Critique de la raison pure de Kant a suscité jusqu'à nos jours dans les pays de langue allemande une vaste littérature éxégétique, apologétique ou polémique. Kant a formellement récusé comme opposées au propos de l'idéalisme transcendantal les lectures tendant à contourner le moment de la réceptivité de notre pourvoir de connaître, à annuler d'une manière ou d'une autre la réceptivité et l'affection. L'Esthétique transcendantale se trouve ici défendue contre ceux qui la tiennent pour la partie la moins neuve ou la moins intéressante de la Critique, pour le vestige d'un état dépassé de la pensée kantienne en 1781, pour un corps étranger à la Critique contredisant à son inspiration même, ou contre ceux qui pensent qu'elle n'est sauvable qui si on l'interprète comme une étape propédeutique pour s'élever au point de vue qui permettra de la dépasser.