À Roubaix, triomphe de la laine et accumulation de main-d'œuvre sont intimement liés. Dans une Europe du Nord-Ouest où la pression démographique est la norme, la ville n’éprouve jamais de difficultés à recruter une main-d’œuvre qui, en définitive, est à sa porte. Longtemps, les campagnes environnantes, de part et d’autre de la frontière, suffisent amplement aux demandes d’une industrie encore naissante. À partir des années 1830-1840, si l’industrialisation à marche forcée donne à la question du recrutement de la main-d’œuvre une acuité singulière, il faut, pour y faire face, changer d’échelle en repoussant simplement les limites du bassin de recrutement. Voilà donc la première monographie consacrée à une grande ville industrielle du XIXe siècle. Grâce à la reconstitution de 11 395 familles, l’auteur cerne au plus près les comportements démographiques d’une population complexe où niveau de fécondité, rythme des naissances et taux de mortalité se répondent continuellement sur fond de migrations incessantes. Quelle que soit la singularité de chaque parcours ouvrier, c’est l’unicité de la condition prolétarienne qui prévaut. Entre 1750 et 1880, hommes et femmes de Roubaix ne contrôlent que bien peu de choses dans le cours individuel et familial de leur existence : ils sont broyés par le caractère massif d’une industrialisation qui s’immisce dans leur quotidien au point d’être maîtresse de leur vie. Sur fond de misère, le territoire, dans cette ville dévoreuse d’hommes, s’impose à ceux qui l’occupent au point de leur assigner des destins sociaux écrits d’avance. À Roubaix, tout est grisaille tant les ouvriers sont otages du temps. C’est seulement à la fin du siècle, avec le formidable élan des luttes sociales, qu’ils se projettent au-delà du lendemain pour dessiner les couleurs de la vie.
Chantal Petillon Agrégée de l’Université, Docteur en Histoire, est maître de conférences à l’Université de Valenciennes. Après s’être intéressée au comportement démographique des populations industrielles, elle s’est orientée vers l’étude des relations entre emploi et migrations au sein de l’Europe du Nord-Ouest. Dernièrement, elle a publié, en collaboration avec Didier Terrier, Classe ouvrière en formation : Belgique wallonne et France du Nord (1750- 1880) et participé à un ouvrage collectif, Cheminots et Chemins de fer en Nord-Pas-de-Calais. Identités régionale et professionnelles.
Support
Livre broché
Nb de pages
400 p.
ISBN-10
2859399178
ISBN-13
978-2-85939-917-7
GTIN13 (EAN13)
9782859399177
Référence
963
Date de publication
09 février 2006
Nombre de pages de contenu principal 400
Format
16 x 24 cm
Poids
727 gr
Prix
24,00 €