G. de Humboldt (1767-1835), contemporain des grands noms de l'idéalisme et du romantisme allemands, ami de Schiller et de Goethe, de Heyne et de Wolf, fondateur de l'Université de Berlin et acteur dans la politique prussienne, auteur d'une grande philosophie du langage reconnue aussi bien par Cassirer et Heidegger que par Chomsky et constamment citée par les linguistes, n'est plus guère lu et est peu connu en France.
G. de Humboldt et la Grèce essaie, sur un exemple particulier, de montrer la complexité et la profondeur d'une pensée authentiquement philosophique et d'en restituer la cohérence. Humboldt en effet, s'il partage l'attrait de l'époque pour la Grèce, se projette cependant, en partant de Kant, un tableau original, qui le distingue de Schiller comme de Hegel. Il tente d'articuler
modèle et
histoire, de situer le modèle grec, fonctionnant comme
analogon, dans le cadre de l'histoire mondiale, en vue d'évaluer la crise de la civilisation et de pressentir l'avenir de l'humanité, celui d'un monde post-chrétien.Un mot condense cette recherche: comprendre. Une tension l'anime: chercher le sens, le sens de l'histoire et la destination de l'homme. Une orientation la caractérise: la voie anthropologique, la formulation d'un discours pensant, dans leur unité, l'action et le sens. A travers l'Antiquité grecque, Humboldt ne vise qu'à élucider la question fondamentale qui le hante: qui sommes-nous? D'où venons-nous, où en sommes-nous, où allons-nous?Ces questions qu'il a posées à son siècle appartiennent toujours à notre actualité. Aussi, en son effort desespéré pour y apporter lumière, Humboldt reste pour nous, en cette fin de siècle, un interpellateur.