Connaître la vie des Morins, ce peuple gaulois qui vivait autour de Boulogne et Thérouanne, c'est un souhait que partagent des amoureux de l'Antiquité, et surtout s’ils habitent cette région Ouest du Pas-de-Calais d’aujourd’hui. Qu’en savent-ils déjà ? Un peu par l’archéologie, ou encore par les inscriptions et les monnaies. Très peu par les textes, car César et les autres Romains n’ont voulu considérer cette cité gauloise que comme une base de départ vers la Grande-Bretagne.
Nous proposons ici une autre méthode : la toponymie, l’étude des noms de lieux et de cours d’eau gaulois.
C’est une recherche difficile, car la langue gauloise est mal connue, et les pièges de l’étymologie guettent le chercheur. Ajoutons une autre difficulté : les populations germaniques au cours des invasions ont apporté des mots nouveaux. Rappelons-nous pourtant que Dauzat, naguère, fit l’histoire de la Beauce et de l’Auvergne à l’époque gauloise et gallo-romaine par cette méthode. Il faut tenter cette aventure, même si parfois l’on ne peut dépasser l’hypothèse.
Que trouvons-nous donc ? Des localités dont les noms paraissent montrer une création gauloise. La plus importante est bien entendu Boulogne avec ses deux noms correspondant à deux agglomérations juxtaposées. On doit s’intéresser aussi à Thérouanne, promue capitale au temps des Romains, si elle ne l’était déjà. L’étude des noms de ports montre la vocation maritime d’un peuple qui portait le nom de la mer dans sa désignation celtique.
Les cours d’eau sont très utiles à considérer, car, selon l’usage gaulois, ils délimitent des frontières, et certains portent des désignations sacrées. La religion gauloise s’en trouve ainsi dévoilée.
Espérons avoir montré quelques connaissances nouvelles, qui permettront au lecteur de replonger des noms familiers dans un lointain passé, et de faire revivre les Morins.