Revue des Sciences Humaines, n°311/juillet - septembre 2013

Loti célèbre, Loti oublié, Loti sans cesse à redécouvrir, étrange personnage aux talents multiples, bien loin de l'image de l'écrivain exotique auquel on l’avait peu à peu réduit. Roland Barthes l’annonçait dès 1971 : le texte-Loti tient le coup, il est encore à lire !
Pour une rencontre internationale à la Piscine de Roubaix, en juin 2010, en prologue à l’exposition de dessins originaux de Pierre Loti (1850-1923), une dizaine de chercheurs portent un regard neuf sur cette œuvre protéiforme : romans, récits de voyages, journal intime, photographies, et la stupéfiante maison-musée de Rochefort, où, dans l’accumulation et la démesure décorative s’expriment l’inquiétude du temps qui fuit, le désir de tout conserver d’une vie jetée aux quatre coins du monde et des expériences.
Rien n’est simple avec Loti : les romans sont tout sauf romanesques, les récits de voyages sont surtout des voyages vers l’âme tourmentée du voyageur, les dessins de l’amateur si doué constituent de précieux documents pour l’ethnographe, et le photographe improvisé réussit immédiatement là où des professionnels reconnus figent un monde dont ils ne savent pas voir les lignes de force secrètes que lui, Loti, identifie sans efforts. Deux articles, issus d’un colloque tenu à Istanbul la même année, éclairent le Loti "politique" façon Jeunes-Turcs, et un Loti romantique attardé dans un monde qui se transforme trop vite à sa guise. Des pages inédites du « Journal » de Loti complètent cet ensemble.