La Langue des Calculs ouvrage posthume de Condillac a connu un étrange destin. D'un coté le texte a été publié (1798) et remanié par Laromiguière, mais on a à peu près oublié cette intervention anonyme et occulte. De l'autre les historiens de la philosophie ont cessé de la lire, et n'en ont retenu qu'une formule ("la science est une langue bien faite"), dont le sens est obscurci et a donné lieu aux interprétations les plus fantaisistes. L'édition qu'on présente est la première à restituer le texte de Condillac d'après le manuscrit original. L'étude introductive, la notice sur le texte, et les notes sont destinées à faciliter ne nouvelle lecture d'un des ouvrages les plus controversés, mais aussi des plus fascinants de la pensée classique. L'importance de la Langue des Calculs tient à une conjonction fondamentale entre les préoccupations tenant de la sémiotique, la logique, la linguistique, l'épistémologie, la philosophie et la pédagogie des mathématiques. Notre modernité qui a vu - provisoirement peut être - s'opérer la dispersion des disciplines a le plus grand intérêt, à réfléchir sur le sens et les raisons de cette conjonction interdisciplinaire, qui, sous la bannière de la grammaire générale, a permis la première formulation d'un programme logiciste.