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Depuis un peu plus d'une décennie, deux grandes conceptions théoriques ont tenté d'intégrer les différences empiriques observées entre le rappel et la reconnaissance. La première classe de théories nie, ou minimise, l'existence d'un processus de récupération de l'information en reconnaissance. La seconde classe de théories insiste au contraire, sur l'unité fondamentale des activiés d'encodage et de récupération mises en oeuvre dans le rappel et la reconnaissance. L'interprétation "moniste" est aujourd'hui largement dominante. Tulving a d'ailleurs été jusqu'à déclarer que la distinction entre le rappel et la reconnaissance avait perdu toute utilité. Cette conclusion est peut-être prématurée. Notre argumentation se fondera sur les deux propositions suivantes : 1) il existe des faits expérimentaux qui incitent à penser qu'il y a des différences, dont la signification théorique n'est pas encore parfaitement élucidée, entre les processus de récupération qui caractérisent la reconnaissance et ceux qui se manifestent au rappel ; 2) les processus de récupération en reconnaissance semblent indiquer une activité de recherche mnésique intentionnelle et conditionnelle. On peut se demander si la nature des opérations de recherche ou la nature des informations mnésiques concernées est la même en rappel et en reconnaissance. Nous présenterons ici une solution du problème qui semble corroborée par des résultats expérimentaux que nous avons obtenus récemment. Nous postulons en effet que la recherche mnésique en reconnaissance se fonde sur un processus d'associations "en chaîne" dont le point d'origine est constitué par le contexte même de la reconnaissance et dont l'objectif est de parvenir à l'évocation mentale d'un nouveau contexte susceptible d'élever la familiarité globale de la situation de reconnaissance.